Des dizaines de millions d’euros d’aides aux démunis inutilisés
L’association de lutte contre la pauvreté Poverello dispose d’un vaste parc immobilier en Belgique, mais n’héberge pourtant dans ses infrastructures qu’une petite centaine de pauvres.
Publié le 07-12-2021 à 20h28
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Au total, Poverello détient plus de 23.000 mètres carrés de surface habitable, en plus des églises, des entrepôts et des chalets. Elle n’héberge, comparativement à cette surface, que peu de personnes, s’étonnent, dans un reportage, des journalistes du Vif, de Knack et de la RTBF.
"Moyennant des aménagements et une mise aux normes, elle pourrait loger deux mille personnes, soit vingt fois plus que la petite centaine de pauvres hébergés actuellement et depuis des années par l’ASBL", commente Le Vif.
Une experte immobilière, sollicitée par les journalistes auteurs de l’enquête, estime que les quelque 230 parcelles détenues par l’association représentent une valeur marchande de 48 à 53 millions d’euros.
"Il s’agit d’un portefeuille immobilier très diversifié, analyse-t-elle. Il y a un certain nombre de propriétés utilisées pour l’aide sociale, mais on trouve aussi des forêts, des prés, des terres arables, des manèges et des appartements bourgeois qui n’ont absolument aucun rapport avec l’aide sociale."
«Il y a un problème»
Au cours des quinze dernières années, Poverello a réalisé un bénéfice moyen de 870.000 euros par an.
Les journalistes ont confronté Herman Cosijns, secrétaire général de la Conférence épiscopale, la principale assemblée des évêques de l’Église catholique de Belgique, aux résultats de leurs recherches, soulignant que les comptes de Poverello avaient été avalisés par le chef financier même du Centre interdiocésain depuis 2016.
Mgr Cosijns "a reconnu qu’il y avait un problème, tout en soulignant que l’ASBL était totalement indépendante de l’Église".
Fondée en 1978, à Bruxelles, par le gynécologue catholique Jan Vermeire, l’association, devenue l’un des plus importants organismes d’aide aux SDF du pays, compte dix antennes en Flandre, trois à Bruxelles et deux en Wallonie.
Un autre volet de l’enquête pointe également quelques soucis dans la gestion financière d’une autre association active dans l’aide aux démunis: Rafaël.