Le coup de gueule de Bouchez sur le passé colonial: "Stop à la repentance permanente" (vidéo)
Georges-Louis Bouchez apprécie peu certaines recommandations d’experts qui conseillent la "commission Congo". On touche ici à la délicate question des indemnisations des victimes de la colonisation.
- Publié le 27-11-2021 à 07h00
C’est un coup de gueule du président du MR, dans un contexte où une commission de la Chambre se penche sur le passé colonial de la Belgique au Congo, au Rwanda et au Burundi. Un rapport d’experts a été présenté lundi aux députés, abordant différents aspects de la colonisation et de ses conséquences, avec des recommandations pour l’avenir.
"Je trouve déplorable que certains experts se soient laissés aller à des considérations militantes dans un rapport qui devait être scientifique", dénonce Georges-Louis Bouchez, pointant singulièrement des recommandations écrites par l'historienne de l'art et militante Anne Wetsi Mpoma. Il s'agit notamment de la question sensible des réparations, en particulier des indemnisations à verser aux victimes de la colonisation.
"Il est par exemple écrit qu'on devrait payer de façon plus importante certains soins de santé des Afrodescendants, que nous devrions recruter des Afrodescendants sans CV, etc. En gros, une série de discriminations positives." Pour le président du MR, "c'est extrêmement grave dans un rapport d'experts. J'ai le sentiment qu'une série d'associations militantes de gauche deviennent les moteurs de la rupture sociale".
Il pointe deux erreurs à ses yeux. "Premièrement, ils segmentent les Belges entre eux. Les antiracistes sous-catégorisent les gens. Or, aujourd'hui en Belgique, on est Belge, point barre. Deuxièmement, ils communautarisent, ils font valoir des droits différents aux gens. C'est l'inverse d'une démocratie libérale qui se base sur l'égalité des chances, des droits et des devoirs." Une vision " porteuse de conflits", pour Georges-Louis Bouchez, qui s'oppose au principe de la discrimination positive. Et qui redoute que cette vision alimente les frustrations et les populismes.

"Il nous faut une analyse froide et scientifique du passé colonial. Mais je dis stop à la repentance permanente. J'en ai marre de cette vision "woke" du monde, qui culpabilise, qui considère que l'homme blanc est responsable de tous les maux de l'humanité. On ne corrige pas les inégalités en créant de nouvelles, mais on radicalise les gens", poursuit-il, précisant que les victimes du colonialisme ont parfaitement le droit d'obtenir des réparations après que la justice a fait son travail, le cas échéant. "Je suis contre la discrimination positive, mais favorable à la lutte contre les discriminations, ce qui est très différent", ajoute-t-il.
J’en ai marre de cette vision du monde qui culpabilise, qui considère que l’homme blanc est responsable de tous les maux de l’humanité.
Il égratigne au passage le secrétaire d'État Thomas Dermine (PS), en RDC cette semaine et défendant la restitution des œuvres d'art spoliées durant la colonisation. "Arrêtons pour se donner bonne conscience de cultiver des choses qui ne sont même pas demandées par le pays." Et de s'interroger: "Faut-il envoyer un chèque global au Congo? Pour quoi? Donner de l'argent à des gouvernements où se trouvent des gens comme Kabila, pour qu'ils prennent l'argent pour eux? Où est la logique? La repentance éternelle?"
Dans cette optique, Georges-Louis Bouchez estime "qu'aujourd'hui, le plus grand problème du Congo, ce n'est pas la restitution de ses œuvres d'art, mais d'avoir une gouvernance politique qui lui permette d'atteindre des niveaux de développement". Le reste étant du "militantisme de gauche sur notre territoire", selon lui.