Que faut-il attendre de la dose de rappel?
Quelle est l’efficacité de la troisième dose du vaccin contre le Covid-19? Quand et à qui l’administrer? On fait le point avec Michel Goldman , professeur d’immunologie à l’ULB.
Publié le 23-11-2021 à 17h05 - Mis à jour le 23-11-2021 à 17h15
Annoncée comme un super booster de notre système immunitaire face au variant delta, la troisième dose de vaccin (la deuxième pour ceux qui ont reçu le Johnson & Johnson) ne sera pas l’arme fatale contre le Covid, espérée par certains. Mais elle devrait aider à garder le cap au plus fort de la pandémie. On fait le point avec Michel Goldman, professeur d’immunologie à l’ULB.
Pr Goldman, dispose-t-on de suffisamment de données quant à l’efficacité de cette dose de rappel?
Oui, il n’y a aucun doute sur l’efficacité de cette dose booster quand on voit la situation actuelle en Israël. C’est le fait qu’ils aient mis en route ce programme de façon très active qui leur permet de mieux traverser cette vague. Et ce n’est pas une surprise car une étude américaine menée sur des centaines de milliers de vétérans montre que les taux d’anticorps diminuent au-delà de 6 mois et plus rapidement encore chez ceux vaccinés avec une dose du vaccin Janssens.
Cette dose de rappel viendra-t-elle à bout de l’épidémie?
Rien n’est moins sûr mais elle devrait permettre en augmentant la protection et tout en maintenant certaines mesures barrières de garder le cap malgré la circulation importante du virus.
Quels sont les effets concrets de cette troisième dose?
Face au variant delta, elle est très efficace pour empêcher l’hospitalisation, les formes graves et le décès chez les personnes les plus vulnérables pour autant qu’elles ne soient pas profondément immunosupprimées. Pour ce qui est de la transmission, il y a un effet mais qui est clairement moindre que ce que l’on espérait. C’est ce que nous vivons aujourd’hui…
Est-ce qu’elle va permettre de réduire les formes bénignes de l’infection?
On ne peut pas le promettre. On risque de se retrouver dans des situations comparables aux épidémies de grippes que l’on connaît les mauvaises années.
Quel type de vaccin administrer pour cette troisième dose?
La décision du gouvernement d’utiliser des vaccins ARN – le Pfizer ou le Moderna – pour tous les rappels est une bonne décision. Mais pour le Moderna, il vaut mieux donner une demi-dose de vaccin pour réduire la réaction inflammatoire car il y a trois fois plus de substances actives dans le vaccin Moderna que dans celui de Pfizer.
Comment expliquer l’extraordinaire coup de boost provoqué par cette dose de rappel?
Une des caractéristiques du système immunitaire est qu’il est doué de mémoire: il garde la trace de la réponse immune qu’il développe. Cette trace est présente sous forme de cellules qui persistent dans l’organisme pendant des périodes très longues. Et ces cellules, mises en présence du vaccin ou bien du virus, vont réagir très vite, endéans les 3 à 5 jours.
Quid des personnes vaccinées qui viennent de contracter le virus?
Elles ne doivent absolument pas se précipiter pour le booster, excepté bien sûr celles qui souffrent d’une maladie X ou Y. Mieux vaut attendre au moins 4 à 6 mois avant d’envisager de recevoir la dose de rappel afin d’éviter une réaction très forte après l’injection. Ces personnes sont très bien protégées par les anticorps produits grâce à leur récente infection par le virus.
Le rappel sera-t-il efficace face à un nouveau variant?
Je serais raisonnablement optimiste. Si un nouveau variant apparaît, ce ne sera pas un nouveau virus, les anticorps qu’on aura produits resteront pour une bonne part efficaces. On a testé le sérum de personnes qui ont SARS-Cov1 au début des années 2000, leurs anticorps agissent encore sur le SARS-Cov2. Le variant ne sera pas complètement différent de celui qui circule aujourd’hui. Il n’y a donc pas de raison de s’alarmer trop.
Dossiers