Hausse des prix des carburants: un «retour à la stabilité en novembre» mais une transition énergétique urgente?
En hausse continue depuis le mois d’août, les prix du diesel et de l’essence sont désormais à un niveau record de 1,754 euro le litre. La situation va-t-elle s’améliorer ou se dirige-t-on vers un litre de carburant à deux euros ou plus? Décryptage.
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Publié le 27-10-2021 à 14h40
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Semaine après semaine, les avis du SPF Économie tombent comme des coups de massue pour les automobilistes belges. Après avoir atteint un niveau record absolu le 6 octobre dernier, le prix du diesel n'a pas cessé de grimper. Pour un litre de diesel, il faut désormais débourser 1,754 euro à la pompe. C'est du jamais vu dans notre pays!
Et ce n'est pas beaucoup plus réjouissant pour l'essence, avec un prix maximum qui s'élèvera également à 1,754 euro le litre de Super 95 dès ce jeudi.
Pour expliquer ces niveaux records, c’est du côté du raffinage qu’il faut regarder. «La reprise post-Covid s’est faite à plein pot un peu partout et on remarque une surcharge au niveau des capacités de raffinage. Que ce soit pour le trafic routier, maritime ou aérien, la demande est exponentielle alors que l’offre reste constante. Et comme on n’a pas construit de nouvelle raffinerie, il est difficile d’augmenter l’offre», explique Olivier Neirynck, directeur technique de la fédération des distributeurs de carburants (BRAFCO).
Le litre à deux euros ou plus? Pas pour tout de suite
La crainte de nombreux citoyens, c’est de voir le carburant arriver au seuil symbolique de deux euros. Dès lors, la question que tout le monde se pose, c’est de savoir quand cette hausse des prix va s’estomper. S’il n’existe pas de certitude, quelques éléments de réponse incitent à l’optimisme à court terme.
Selon les prévisions, on devrait retrouver une certaine stabilité des prix durant le mois de novembre
«Les cotations sont à la baisse et les différentes hausses sur le marché pétrolier se sont inversées. Je n’ai pas de boule de cristal mais, selon les prévisions, on devrait retrouver une certaine stabilité des prix durant le mois de novembre. En théorie, si on se maintient dans la situation actuelle, on devrait rester en dessous de 2 euros le litre», précise Olivier Neirynck.
La hausse des prix des carburants n'inquiète pas qu'en Belgique. Alors que le phénomène touche toute l'Europe, un quotidien italien a même évoqué le scénario futuriste d'un litre de diesel... à quatre euros.
Pour arriver à ce chiffre fou, il faudrait une conjoncture de trois éléments selon La Repubblica: un passage du prix du pétrole brut à 200 dollars (pour 85 actuellement), les compagnies pétrolières devraient cesser d’investir et la demande de matières premières devrait rester très élevée. Autant dire qu’on en est encore très loin.
«Je n’y crois pas du tout, affirme Olivier Neirynck. Les pays de l’Opep ont dit qu’un baril de pétrole entre 75 et 85 dollars était un prix qui les satisfaisait. Même si le baril de Brent a atteint ses plus hauts niveaux depuis plus de trois ans, je ne vois pas comment on arriverait à 200 dollars le baril.»
Imaginons si un conflit géopolitique éclate du jour au lendemain? On n’est jamais à l’abri d’un choc incroyable.
S’il estime également que ce serait peu probable de voir les carburants monter largement au-dessus de 2 euros à court terme, Francesco Contino, professeur en énergétique à l’UCLouvain, tient à mettre en garde. «Le battement d’ailes d’un papillon peut engendrer une tornade à l’autre bout du monde. Imaginons si un conflit géopolitique éclate du jour au lendemain? On n’est jamais à l’abri d’un choc incroyable», avertit-il.
Transition énergétique: payer plus mais garder notre destin en mains?
Face à cette incertitude constante et à notre dépendance envers l’évolution des prix pétroliers, Francesco Contino plaide pour une transition énergétique plus rapide. «Ce qui m’inquiète, ce n’est pas l’augmentation du prix, c’est celle qu’on subit à cause des fluctuations du marché. Si on ne fait rien, on devra de toute façon payer plus cher à l’avenir, tout en subissant les effets du changement climatique.»
On ne peut pas espérer effectuer cette transition énergétique sans en payer le prix.
D’où l’importance d‘accélérer le processus en Belgique dans l’espoir d’atteindre une relative indépendance énergétique. Selon ce spécialiste en énergies renouvelables, il faut agir en trois temps: réduire la demande, électrifier le parc automobile en restant cohérent par rapport aux besoins de déplacement et privilégier l’e-fuel (des combustibles de demain produits avec des énergies renouvelables).
Cette transition des énergies fossiles vers des énergies plus vertes ne se fera pas sans conséquences pour le portefeuille du consommateur. «On ne peut pas espérer l’effectuer sans en payer le prix. On ne paie déjà pas assez cher le carburant en fonction de ce que cela émet comme pollution.»
Actuellement, le prix du produit issu de la raffinerie représente environ un tiers du prix affiché à la pompe. Le reste est principalement composé d’accises. «Il faut évidemment protéger les personnes les plus fragiles mais, ne réduisons surtout pas les taxes car cela ne fera que retarder le problème. Si on anticipe cette transition énergétique, on aura notre destin en mains», lance Francesco Contino.