Covid long : le KCE préconise un bilan interdisciplinaire
Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé a étudié les besoins et le suivi de plus de 1300 patients Covid long. Les experts du KCE recommandent, entre autres, une évaluation multidisciplinaire pour une prise en charge adaptée et le remboursement temporaire de certains soins.
Publié le 26-10-2021 à 07h31
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À la demande de la Ligue des usagers des services de santé (LUSS), le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) a mené une vaste étude auprès de 1320 personnes. Cette étude vient confirmer à quel point cette pathologie encore mystérieuse peut impacter la qualité de vie des personnes qui en sont atteintes. Un premier pas vers la reconnaissance qui devrait réconforter celles et ceux qui se débattent depuis des mois avec un système de santé qui au mieux ignore leurs souffrances, au pire les nie.
1. Qu'est-ce que le Covid long?
Plusieurs mois après avoir attrapé le Covid, qu'il s'agisse d'une forme grave ou légère (même asymptomatique), des personnes continuent à ressentir des symptômes variés (fatigue excessive, essoufflement, problème de mémoire, de concentration,…). Toutes les tranches d'âge sont concernées mais le Covid long est plus fréquent chez les 35-69 ans. 6 mois après une infection au coronavirus, au moins 1 patient sur 7 garde encore l'une ou l'autre séquelle. Les chiffres sont plus élevés chez les personnes qui ont été hospitalisées pendant la phase aiguë du Covid.
2. Plusieurs mécanismes
Certains symptômes, objectivables via des examens médicaux, s'expliquent par les dommages causés par le virus à certains organes (poumons, cœur, reins,…) lors de l'infection. D'autres seraient liés à des réactions anormales (immunitaires, inflammatoires) en réponse à l'infection. Ces derniers mécanismes pourraient expliquer des symptômes ne pouvant pas être objectivés comme la fatigue, les maux de tête ou le brouillard cérébral. Une hypothèse qui doit encore être confirmée. Un troisième type de symptômes pourrait être lié à des maladies préexistantes (maladies cardiaques, diabète) qui auraient été exacerbées par le virus. Parce que ces trois types de symptômes peuvent se combiner, il existe une grande diversité des tableaux cliniques.
3. Qualité de vie dégradée
Perte d'autonomie, de mobilité, de revenus,… l'étude du KCE démontre que le Covid long peut impacter sérieusement le quotidien. 52% des répondants ont besoin d'aide : 86% pour le nettoyage de la maison, 70% pour la préparation des repas, 51% pour se déplacer. 60% des personnes qui avaient un emploi rémunéré ont déclaré une incapacité de travail. 26% retravaillent à temps partiel. Un tiers des personnes qui ont été hospitalisées n'ont pas repris le travail après 6 mois. Certains employeurs se montrent compréhensifs en permettant une réintégration progressive: le mi-temps médical doit être accepté par ceux-ci. D'autres mettent en doute la véracité des symptômes ce qui porte atteinte à l'estime de soi, génère de l'angoisse et de la culpabilité chez le travailleur.
4. Impact psychologique et financier
Les réactions négatives (incrédulité, stigmatisation,…) de l’entourage, des professionnels de santé renforcent l’impact psychologique de cette pathologie. Les personnes ignorent combien de temps les symptômes vont durer, se demandent si elles retrouveront leur vie d’avant.
37% des répondants affirment que le Covid long a eu un impact sur leur situation financière à cause de la perte de revenus ou bien des frais médicaux, ou les deux. Certains ont dû reporter des soins qui n'étaient pas intégralement remboursés comme un soutien psychologique, pourtant nécessaire.
5. prise en charge médicale
La majorité des répondants se disent globalement satisfaits de leurs contacts avec les professionnels de la santé mais environ un sur trois a déclaré éprouver ou avoir éprouvé des besoins non satisfaits: besoin d’information (52%), de personnel compétent (24%), d’accès aux soins (23%).