«La Wallonie doit passer de 14 à 30% de zones protégées»
2021 est une année charnière pour la biodiversité, assure l’écologiste Jean-Marc Nollet. Les signaux sont au rouge.
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Publié le 27-03-2021 à 06h00
«L'an 2021 sera crucial pour la biodiversité», affirme Jean-Marc Nollet, coprésident d'Écolo. C'est que deux rendez-vous majeurs sont fixés: le Congrès mondial de la nature en septembre à Marseille et la COP 15, conférence de l'ONU sur la biodiversité, en octobre à Kunming, en Chine.
Le but de la COP 15 consiste à protéger 30% des terres et 30% des mers à l'horizon 2030. Depuis le 16 mars, la Belgique dans son ensemble – fédéral et entités fédérées – est ralliée à cet objectif et prête à le défendre en octobre. «Ce n'est pas gagné d'avance, parce que des pays font de la résistance», regrette l'écologiste.
Enjeux mondiaux et locaux sont intimement liés et il appartient aux politiques de fixer le cadre, pour Jean-Marc Nollet. Ainsi «en Wallonie, on est actuellement à 14% de zones protégées, des zones où une priorité est mise sur la protection de la nature et de la biodiversité. Il faudra passer à 30% d'ici 2030».
Différentes initiatives sont mises en place. «Par exemple, j'aime beaucoup ces affiches "Ici commence la mer" posées près des avaloirs, dans certaines communes.» Jean-Marc Nollet insiste aussi sur des éléments de la politique du gouvernement wallon (où siège Écolo): plantation de 4 000 km de haies et/ou d'un million d'arbres, création de deux parcs nationaux, de 1 000 ha de réserve naturelle chaque année, etc.
Pour lui, atteindre l'objectif passe aussi par le refus des accords entre l'Union européenne et le Mercosur (marché commun de pays d'Amérique du Sud), qui cautionnent à la fois des pratiques peu soucieuses de la biodiversité de pays comme le Brésil et «exercent une pression supplémentaire sur le modèle d'agriculture familiale encore courant en Wallonie».
Constat alarmant
S'il convient de prendre la mesure du virage à opérer en 2021, c'est parce que l'état de la biodiversité a de quoi alarmer. «Si on poursuit la tendance, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans en 2050», illustre l'écologiste. En quatre décennies, la population mondiale de vertébrés a chuté de 60%. «En Europe, en 30 ans, on a perdu 80% des insectes. Je veux insister sur les pollinisateurs, qui jouent un rôle immense: 30% du rendement agricole dépend de la pollinisation et 84% des espèces cultivées dépendent des insectes pour la production de semences. Mais ils disparaissent: 40% des espèces de papillons en Wallonie sont menacées, de même que 53% des abeilles sauvages et 60% des bourdons», énumère-t-il.
«Cela montre qu'il y a un vrai danger si on ne prend pas des mesures, y compris pour permettre à nos secteurs agricoles de répondre aux besoins alimentaires. La biodiversité, ce n'est pas un luxe, mais notre assurance-vie», soutient Jean-Marc Nollet.