Le coronavirus va-t-il faire fuir les élus locaux?
La crise du coronavirus met un peu plus la pression sur les mandataires locaux. Faut-il craindre une future pénurie?
Publié le 03-03-2021 à 07h29
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Va-t-on vers une pénurie de mandataires communaux? Cette question, le député wallon François Bellot l’a posée indirectement en commission du parlement.
Cet homme d’expérience évoque un problème de démotivation qui se posait déjà dans ces rangs-là et qui risque de s’accentuer avec la crise du coronavirus.
Les échevins et bourgmestres des communes + et particulièrement des plus petites sont déjà fort sollicités au quotidien parce qu'ils ne peuvent pas se reposer sur les services que comptent les grandes communes, comme des juristes, architectes, informaticiens urbanistes. Ici, avec la crise, on en remet une couche. «Ils sont mis sous pression que ce soit au niveau des écoles, des associations, des enterrements… Entre autres.
Dès qu’un cas est révélé dans une école, les parents les interpellent: fermer, pas fermer? Sachant qu’on n’a jamais l’unanimité dans ce type de débat. Que certains veulent qu’on ferme, d’autres pas. Qu’on évoque ce qui se passe dans d’autres communes.
Ensuite, ils sont en contact direct avec les responsables d’associations qui pressent pour pouvoir organiser des petites rencontres.
Ou alors, ils se retrouvent avec des grosses familles qui font pression lors d’un enterrement d’un proche. Pourquoi limiter à 15 alors qu’avec les enfants et petits-enfants, ils sont déjà 30…»
Le député de poursuivre: «Ils doivent gérer le respect des règles et l'aspect émotionnel des gens. D'un côté, on leur demande de fermer les yeux, de l'autre on les tient responsables si quelque chose dérape. Un bourgmestre, un échevin, un conseiller d'une commune rurale sont en contact direct avec les habitants.»
Alors, François Bellot s’interroge: ne faudrait-il pas mettre en place un système d’accompagnement, d’assistance pour les élus qui le souhaitent?
«La crise nous prend beaucoup de temps»
Philippe Dubois est bourgmestre de Clavier et préside la commission mixte-ruralité à l’Union des Villes et Communes où l’on discute des problèmes des communes rurales.
L'homme est plutôt du style volontariste. Il reconnaît que cette crise sanitaire ne simplifie pas la tâche: «Avec l'âge, on se forge une carapace mais, c'est vrai que cela prend beaucoup de temps et en laisse peu pour réaliser les objectifs qu'on s'était fixé. Avec la crise, on a dû s'organiser autrement, avec un télétravail difficile à implanter faute de moyens techniques, de dispositifs de sécurité. Si au niveau tissu économique, on est moins impacté que les grosses communes, par contre, au niveau culture, social et sportif…
«L’adhésion sera plus compliquée à conserver»
Philippe Dubois précise:
«Maintenant, on sent vraiment une forte pression, une forte demande pour la relance de toutes ces activités. On a une fête du vin qui devrait être annulée pour la deuxième fois… Va-t-on l’autoriser en take away? Si on dit oui, on doit le dire pour d’autres… L’adhésion sera plus compliquée à conserver avec le beau temps qui revient. Une chance du milieu rural, on a l’espace.»
Alors la démotivation des élus? «Pour les plus jeunes, ils ne doivent pas prendre de décision à chaud. La vie sociale va repartir et le moral reviendra vite.»