PHOTOS & VIDÉOS | 350 actions dans 100 villes: la culture reste debout et veut rouvrir
Still Standing for Culture: le secteur culturel se mobilise partout en Belgique ce week-end. Plus de 350 actions sont organisées dans une centaine de localités.
- Publié le 20-02-2021 à 13h33
- Mis à jour le 20-02-2021 à 19h22
Dans le cadre de l’opération nationale «Still Standing For Culture», les citoyens et les artistes se mobilisent ce week-end afin de témoigner un soutien au secteur culturel.
Plus 350 actions sont organisées dans 100 villes. Notamment à Tournai, Philippeville, Louvain-la-Neuve ou encore Ixelles.
Tournai: 1.000 citoyens forment une file humaine
Une file humaine s’est créée, ce samedi matin, le long des boulevards tournaisiens afin de témoigner un soutien au cinéma, aux artistes et à la culture.
Les paroles fortes de la chanson de Julien Clerc «Utile» expriment véritablement l’état d’esprit de bon nombre d’artistes privés de scène et de public depuis de trop nombreux mois: «Je veux être utile. À vivre et à chanter. À quoi sert une chanson si elle est désarmée?».
Je veux être utile. À vivre et à chanter. À quoi sert une chanson si elle est désarmée?
Près d’un millier de citoyens ont formé une longue file humaine reliant Imagix à la maison de la culture de Tournai. Si, le long des boulevards tournaisiens, quelques espaces restaient vides (à l’image de ce sentiment de vide laissé par l’arrêt de tout un secteur – et particulièrement bien représenté sur le parvis de la maison de la culture avec ces centaines de paires de chaussures au sol), la mobilisation a été une belle réussite.
Louvain-la-Neuve: 100 personnes sur la Grand-Place
Une centaine d’acteurs culturels du Brabant wallon ont mené une action symbolique sur la Grand-Place de Louvain-la-Neuve.
Coordonnée par le Centre culturel du Brabant wallon (CCBW), la manifestation rassemblait des membres des centres culturels locaux, des artistes de diverses disciplines, des représentants des bibliothèques, des théâtres, etc. En musique et sur le thème «La culture dans les starting-blocks», les participants ont mis en scène de manière humoristique une course connaissant des faux départs à répétition.
Notre message d’aujourd’hui se veut constructif: la culture souffre comme d’autres secteurs mais elle est bien plus qu’une activité économique, elle participe au bien-être psychique des citoyens et pour l’instant, elle ne peut pas remplir ce rôle sociétal. Ce serait bien que le gouvernement la considère comme un partenaire dans le contexte pandémique et post pandémique
Arborant des pancartes où on pouvait par exemple lire «Silence, on meurt», «L’art, c’est ce qui rend la vie plus intéressante» ou encore «Je suis non essentielle», les manifestants portaient des dossards au nom des divers secteurs de la culture qui sont à l’arrêt depuis des mois, plaçant certains artistes dans des situations très difficiles.

Ixelles: plusieurs artistes réunis, dont Quentin Dujardin
Des dizaines d’acteurs du monde culturel se sont rassemblés samedi place Sainte-Croix, à Flagey (Ixelles) dans le cadre de l’action Still standing for culture, qui se déroule dans tout le pays.
Plusieurs témoignages ont été partagés pour l'occasion, dont celui de Quentin Dujardin, le guitariste dinantais de jazz qui avait organisé un concert dimanche dernier devant 15 personnes dans une église de Crupet. L'événement avait été interrompu par la police. «Il est temps de faire valoir notre point de vue à la table des discussions mais aussi peut-être de montrer massivement que nous sommes là. J'appelle tous les parlementaires à ouvrir le débat», a-t-il déclaré.
Il est temps de faire valoir notre point de vue à la table des discussions mais aussi peut-être de montrer massivement que nous sommes là. J’appelle tous les parlementaires à ouvrir le débat
«Nous sommes aussi essentiels que les transports ou les coiffeurs. La culture est un besoin humain», a souligné un autre participant.
Le secteur culturel espère avoir des perspectives de reprise dans les prochains jours et semaines. Il réclame d’urgence davantage de soutien alors que les concerts et représentations n’ont pas lieu depuis plus de 100 jours et que les cinémas sont toujours fermés.
Philippeville: des chaussures devant le centre culturel
Plusieurs dizaines de personnes ont symboliquement déposé une paire de chaussures devant le centre culturel de Philippeville.
Cette initiative a pour but de «mettre en lumière, par une action respectant les règles sanitaires actuelles, le désir des citoyens de remettre en marche toutes les salles de concerts, théâtre et cinéma, tous les ateliers et événements artistiques. Les chaussures seront mises en scène de manière créative, puis données à des associations».
Mettre en lumière le désir des citoyens de remettre en marche toutes les salles de concerts, théâtre et cinéma, tous les ateliers et événements artistiques
De l’avis des acteurs de ce secteur, il est temps d’avancer, de remettre le secteur culturel en route, en respectant les normes de sécurité.
Une dizaine d’actions symboliques dans le centre de Namur
A Namur, pas moins d’une dizaine de lieux ont accueilli du public, dans le strict respect des mesures sanitaires.
Organisé tantôt dans les Jardins du Maïeur, tantôt place d’Armes, dans le hall du cinéma Caméo, dans une vitrine de café, rue des Brasseurs, ou encore au Delta et aux Abattoirs de Bomel, chaque événement proposé avait pour but de démontrer l’absurdité des mesures qui touchent, aujourd’hui, le secteur culturel, mais aussi leur incohérence d’un point de vue idéologique.
Tout le monde se lève pour la culture à Huy
Ce samedi, c’était donc un raz-de-marée de productions artistiques qui a envahi l’arrondissement de Huy-Waremme avec la troisième action de Still Standing for Culture. Contrainte au silence depuis plusieurs mois, l’artiste héronnaise Éléonore Dock a lancé un cri du cœur sur les murs du centre culturel de Huy. «Je réclame de la culture et des baisers», histoire de rappeler que nous n’en avons plus.
Esperanzah!: des artistes en voie d’extinction réclament leur droit d’exister devant 100 personnes
Petit pincement au cœur de voir le site floreffois, où se déroule chaque été Esperanzah!, vide de ses festivaliers et de ses artistes. Vide? Pas tout à fait…
Ce samedi, dès 14h, quelques notes de musique ont résonné, de même que les applaudissements et les encouragements d’une centaine de personnes qui s’étaient inscrites à l’action symbolique organisée par l’équipe du festival. Celle-ci s’inscrivait dans le mouvement plus global Still Standing for culture.
On a voulu mettre en évidence certains paradoxes.
«On a voulu mettre en évidence certains paradoxes, explique Jean-Yves Laffineur, directeur du festival. Les parcs animaliers peuvent rouvrir mais les artistes n’ont pas le droit de se produire dans un parc. On peut aller en masse dans les magasins mais pas dans les théâtres et cinémas, même quand ils sont sécurisés. On a donc mis en place un parc artistique baptisé Zah! pour les espèces artistiques en voie de disparition.»
Les acteurs culturels verviétois essoufflés mais debout
Ils sont venus des quatre coins de l’arrondissement de Verviers, ce samedi, pour faire entendre leur voix. Ou plutôt la faire taire.
Acteurs, chanteurs, musiciens, danseurs, artistes, centres culturels, associations, citoyens… Ils étaient une centaine à faire une pause et à observer, à 15 heures tapantes devant l’hôtel de Ville, dix longues minutes de silence pour rappeler, à ceux qui l’auraient peut-être oublié au sein des experts et autorités politiques, que la culture existe.