L’interdiction du glyphosate annulée
Le Conseil d’État a annulé un arrêté wallon qui interdit l’usage de glyphosate. Dans la pratique, rien ne change.
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Publié le 16-01-2021 à 06h00
Le Conseil d’État a annulé, dans un arrêt rendu en début de semaine, l’arrêté du gouvernement wallon du 30 mars 2017 qui interdisait l’utilisation de produits phytopharmaceutiques contenant du glyphosate.
Cette décision ne devrait toutefois pas avoir de conséquence pratique puisque la vente de glyphosate aux particuliers a, depuis lors, été interdite par le fédéral, a signalé l’organisation environnementale Greenpeace.
Loyauté violée
Selon le Conseil d’État, l’arrêté wallon violait un décret précédent et le principe de loyauté fédérale.
«En interdisant de manière générale et pour une durée conséquente l'utilisation de tout produit phytopharmaceutique du glyphosate sur l'ensemble du territoire de la Région wallonne, l'article 2, § 1er, alinéa 1er, de l'arrêté de 2017 viole l'article 4/1 du décret du 10 juillet 2013 tel qu'il a été interprété par la Cour constitutionnelle», elle-même saisie en mai 2017, énonce l'arrêt.
Cette dernière avait notamment estimé qu'une interdiction générale d'utilisation de certains pesticides sur l'ensemble du territoire wallon «pourrait avoir pour effet d'exclure du marché les pesticides concernés, ce qui empêcherait le législateur fédéral d'exercer, en pratique, sa compétence en matière de normes de produits» et contreviendrait dès lors à la loyauté fédérale.
«L’amiante de notre époque »
«Le glyphosate est l'amiante de notre époque. Il est nocif à l'environnement, aux sols, aux eaux et à la faune, il est probablement cancérigène et pourtant, le secteur de "l'agrobusiness" n'a cessé d'essayer de le vendre. Le gouvernement fédéral a fini par prendre une partie de ses responsabilités et interdit la vente de produits contenant du glyphosate à tout particulier. La décision du Conseil d'État n'a donc pas d'impact particulier dans la pratique», a commenté Sébastien Snoeck, expert en Agriculture durable chez Greenpeace.
«À l'époque, la Wallonie a effectivement préféré prendre un risque juridique plutôt qu'un risque pour la santé et elle a bien fait car cela a permis de faire bouger les lignes avec l'interdiction de la vente du glyphosate par le fédéral», a de son côté réagi la ministre wallonne de l'Environnement, Céline Tellier (Écolo).
«Cette décision du Conseil d'État ne sera pas un obstacle pour diminuer l'usage des pesticides en Wallonie», a-t-elle assuré.