Les experts donnent une nouvelle dose d’infos sur le vaccin Covid
Les experts de l’UCLouvain sont convaincus de l’utilité et l’efficacité du vaccin. Ils abordent la sans angélisme, de façon pragmatique.
Publié le 12-01-2021 à 19h22
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Les experts de l’UCLouvain ont fait hier un point presse qui se situait entre le bilan après une semaine de vaccination Covid et l’opération de communication, pour familiariser le public avec l’importance du vaccin
Vacciné contre les variations aussi
Comme le montre l’infographie ci-contre, le vaccin met notre système immunitaire en contact avec un élément du virus inoffensif pour notre santé, permettant de fabriquer les anticorps qui empêcheront l’infection en cas de contact avec une personne contagieuse.
«On produit deux groupes d'anticorps, précise Pierre Coulie, immunologiste. Certains qui n'empêchent pas l'infection, sans être pour autant inutiles, et ceux qui empêchent l'infection.» Comme plusieurs anticorps empêchent l'infection, il y a selon le spécialiste peu de probabilité que le virus soit inefficace contre la nouvelle variante anglaise. «Mais s'il devait arriver qu'aucun anticorps ne reconnaisse une nouvelle mutation du virus, il faudrait modifier le vaccin. Avec un vaccin traditionnel, cela prend un an, avec le vaccin à ARN messager, c'est deux mois.»
Protégé un an au moins
La durée de l'immunité connue pour le vaccin est actuellement de six mois, soit la durée de l'immunité chez les 20 000 personnes qui ont testé le vaccin en juillet 2020. «Ce sera sans doute plus long, peut-être un an, dit Pierre Coulie. On pense que ce sera similaire aux vaccins existant, et sans doute celle des plus performants.»
Par contre précise Jean-Cyr Yombi, infectiologue, la vaccination ne devra pas mettre fin aux gestes barrière.
Le risque de saturation sans vaccin
Le Dr Yombi est confiant dans l'adhésion de la population à la vaccination. «C'est important, car la variante anglaise du virus a une transmission plus grande de 70% Même si la maladie n'est pas plus sévère, on risque de toucher les populations plus fragiles et saturer les hôpitaux.»
Il pense que le vaccin protège bien de cette variante anglaise, mais criant que la contamination s'emballe trop vite. «On a eu trois fois plus de patients dans les hôpitaux lors de la 2e vague. Cela bloque tout le reste et pour d'autres malades, on ne peut plus attendre.»
Les risques du vaccin
Un peu de fièvre, des symptômes atténués, ce sont les effets secondaires relevés par l’immunologiste Sophie Lucas.
Jean-Cyr Yombi y ajoute un risque d'allergie anaphylactique tout à fait gérable selon lui. «Grâce à une bonne anamnèse, nous pouvons réduire le risque d'allergie anaphylactique à éthylène glycol et au polyphosphate, en orientant les personnes chez qui le doute existe à une réaction d'allergologie pour voir si uneréaction anaphylactique (NDLR réaction allergique immédiate, grave et généralisée) est possible. Ensuite, on peut aussi réduire le risque grâce à des bonnes conditions de sécurité lors de la vaccination, en milieu médicalisé. »
L’immunité collective
Seule la vaccination peut permettre d'atteindre l'immunité collective, selon Niko Speybroeck, épidémiologiste. «Dans le cas du Covid-19, il faudrait un taux d'immunité d'environ 70% dans la population. Dans ce cas, l'ensemble de la Belgique serait protégé et donc également les 30% non vaccinés.»
Mais 70% d'immunité ne signifie pas 70% de vaccination. « Il faut vacciner plus de 90% de la population pour que les personnes non vaccinées soient aussi immunisées… Or, le vaccin n'a pas été testé sur les femmes enceintes ni les enfants. Si la mutation du virus augmente la contagiosité, il faut vacciner davantage, quasiment 100% de la population, pour atteindre le taux d'immunisation.»
De plus, la Belgique n'est pas une île, et son voisin français est plutôt réfractaire au vaccin «Nous sommes un pays central, avec beaucoup de passage, une population âgée et une forte densité de population. Je suis en faveur d'une approche européenne. Mais il faut déjà commencer par convaincre la population belge, ce serait déjà pas mal.»

Différentes enquêtes battent en brèche l’idée selon laquelle les Belges seraient réticents à l’idée de se faire vacciner. Selon les résultats publiés mardi de la grande étude sur le coronavirus de l’université d’Anvers, dans le grand public, 80% des personnes affirment qu’elles se feront certainement ou probablement vacciner.
Les chiffres du dernier baromètre de la motivation des Belges vont dans le même sens. Il a été réalisé auprès de 16000 personnes, du 6 au 10 janvier, sous la houlette de l’UCLouvain, avec l’ULB et l’UGent. Selon lui, 77% des répondants sont d’accord ou tout à fait d’accord de se faire vacciner, alors qu’ils étaient 56% lors du même baromètre en décembre. Les indécis (13%) et ceux qui n’en ont pas du tout l’intention (10%) sont en diminution.
Les Belges sont également plus nombreux qu'en décembre à témoigner d'une motivation volontaire à se faire vacciner, c'est-à-dire «qu'ils ont intrinsèquement envie», explique Olivier Luminet, psychologue de la santé (UCLouvain). «C'est une forme de motivation qui s'inscrit dans la durée. Il faut l'entretenir. Mais plutôt que les convaincre, il va désormais falloir gérer l'attente des gens motivés, leur expliquer qu'ils vont devoir patienter avant que ce soit leur tour.»
De manière générale, les experts observent un effet d'entraînement des personnes les plus enclines à se faire vacciner envers les autres, comme si cela devenait progressivement la norme sociale. «Nous avons une capacité extraordinaire à regarder ce que les autres font pour savoir ce qu'on doit faire. Sur l'autoroute, si tout le monde roule à une certaine allure, vous serez tenté de faire de même», explique Vincent Yserbyt, professeur de psychologie sociale. Ainsi en est-il de la volonté de se faire vacciner, même si un des enjeux consiste à présent à transformer ces intentions en actes.