Les pétitions des citoyens pourront peser sur les débats à la Chambre
Éliane Tillieux l’annonce: la plateforme «Mon Opinion» va permettre aux citoyens d’intervenir dans le débat politique, en introduisant des pétitions. La présidente de la Chambre veut aussi mettre sur pied des panels citoyens.
Publié le 18-11-2020 à 06h46
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«Un fossé s'est creusé entre les femmes et les hommes politiques d'un côté et les citoyens de l'autre, constate Éliane Tillieux (PS). Il faut reconstruire de ce fil entre citoyens et politiques.»
Présidente de la Chambre depuis un mois, la Namuroise a mis sur les rails un outil qui devrait favoriser l’implication des citoyens dans la chose publique. C’était d’ailleurs une volonté exprimée par les partenaires de la Vivaldi dans l’accord de gouvernement.
Une plateforme en ligne baptisée «Mon Opinion», se basant sur un logiciel open source, sera mise à disposition du public dans un avenir proche. L’outil sera accessible via le site internet de la Chambre et permettra aux citoyens d’y introduire des pétitions, dans le but de peser sur l’agenda politique.
Une loi de 2019
Cette plateforme permettra en fait de mettre en application une loi votée en mai 2019 et qui autorise toute personne qui lui adresse une pétition à être entendue par la Chambre. Un cadre est néanmoins fixé: la pétition doit être signée par au moins 25000 personnes domiciliées en Belgique et âgées de minimum 16 ans. Une répartition géographique doit être respectée: minimum 14500 pétitionnaires en Flandre, 8000 en Wallonie et 2500 à Bruxelles.
«Cette loi comporte deux aspects nouveaux: la possibilité d'introduire la pétition par voie électronique et le fait qu'un pétitionnaire peut demander à être entendu par la Chambre», explique Éliane Tillieux.
Adapter le règlement
La mise en ligne de la plateforme requiert encore quelques étapes. «Le règlement de la Chambre doit être adapté», ce qui fait justement l'objet d'un débat en commission ce mercredi. «Ensuite, il faut que ce soit voté en séance plénière, en théorie c'est possible dans un délai de deux semaines. Tout peut donc se mettre en place assez rapidement», assure-t-elle.
Si le citoyen peut déposer une telle initiative, il appartient au politique d’y répondre.
D'ici la fin de la législature, en 2024, Éliane Tillieux souhaite que «Mon Opinion» puisse servir de réceptacle à des pétitions dont la portée n'est pas forcément du ressort de la Chambre. La plateforme permettrait de la rediriger vers le niveau de pouvoir compétent. «Notre système fédéral est complexe, on ne peut pas demander à tous les citoyens d'être experts. Dans un esprit de fédéralisme de coopération, je vais demander à rencontrer les présidents des autres assemblées» pour peaufiner cet aspect du projet.
Citoyens acteurs du débat
Parmi les objectifs poursuivis, «il faut faire en sorte que les citoyens se rendent compte que la politique influence leur vie de tous les jours, argumente Éliane Tillieux. Si le citoyen peut déposer une telle initiative, il appartient au politique d'y répondre, de la prendre en compte. Les citoyens sont en droit d'attendre des propositions concrètes en retour».
Dans ce cadre, la présidente de la Chambre envisage une participation active des citoyens dans le débat. «Ils pourraient être entendus en commissions parlementaires par exemple», en devenant de la sorte des acteurs plutôt que des spectateurs du débat politique.