Georges-Louis Bouchez: un président en sursis
Georges-Louis Bouchez, président du MR, est fragilisé au sein de son parti. On n’a pas du tout apprécié son jeu trop personnel.
Publié le 02-10-2020 à 06h00
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Hier matin, certains réformateurs ont eu des envies de «meurtre». Les péripéties du casting désastreux d’amateurisme du président du parti ont irrité mais aussi provoqué l’hilarité, sauf pour les principaux concernés.
La fatigue n’explique pas tout. Georges-Louis Bouchez dira encore que la terre entière lui en veut mais là, il s’est tiré un obus dans le pied. Dans celui de son parti, aussi. Et ça, c’est plus gênant.
Il touche à la Région et à une femme
Explication. Dans l’attribution des portefeuilles, l’homme a décidé de toucher à l’équipe en place à la Région. C’est ainsi que jeudi matin, on apprenait via les réseaux sociaux que Denis Ducarme, ministre fédéral sortant, retrouvait un poste à Namur. Pour lui faire de la place, la ministre en fonction, Valérie De Bue était priée d’aller voir ailleurs. Sans autre forme de procès, ni avertissement.
Il ne fallait pas attendre longtemps pour que le scénario présidentiel tourne en mauvaise série B. Parce qu’un décret wallon garanti un quota de femme dans l’exécutif. Dans la situation actuelle d’un gouvernement à huit, il doit accueillir au minimum trois femmes. Valérie De Bue partie, ses collègues féminines se retrouvaient à deux.
Rétropédalage
Une erreur aussi grossière que l’indélicatesse dont le président du MR faisait preuve à l’égard du travail de sa ministre et de son équipe. La suite? Il ne fallait pas deux heures pour qu’on apprenne le rétropédalage présidentiel. Valérie De Bue était réinstallée à son poste et Denis Ducarme devenait, sans doute, chef de groupe à la Chambre. Tout rentrait dans l’ordre? Ni vu ni connu, on glisse tout sous le tapis?
Pas vraiment. Cela va laisser des cicatrices. En interne, on le confirme.
Les quatre cicatrices
La première, c’est que le président du MR a fait preuve d’un amateurisme assez ébouriffant. C’est aussi symptomatique: soit, l’homme travaille seul, soit il n’est pas bien entouré ou alors il est bien entouré mais il n’écoute pas ce qu’on lui conseille.
Mercredi soir, lors du raout de participation au Heysel, les principaux intéressés n’étaient pas au courant.
La deuxième, en opérant de la sorte, il provoque crise de confiance et déception dans le chef de ses ministres. Denis Ducarme n’a donc été ministre régional que pendant deux heures avant de voir son portefeuille s’envoler. Déception.
Valérie De Bue s’est vue désavouée sans autre forme d’explication avant d’être réhabilitée non pas pour son travail mais bien pour respecter un décret. Pas sûr que sa confiance envers le président en sorte grandie.
La troisième, vis-à-vis des autres partenaires politiques: la confiance, déjà écornée par ses errements lors des négociations fédérales, en sort encore plus ébranlées. Mais aussi sa crédibilité de président.
La quatrième trace que cet incident va laisser, c'est dans son propre parti. On l'a dit, cela a été confirmé de plusieurs sources: il a joué en solo. La consultation et l'information étaient au rayon absent. Même si le président a beaucoup de latitude, «tu ne fais pas ça». D'ajouter, «son interview dans Humo était déjà une faute». Visiblement, il vient d'en commettre une deuxième. D'autant plus qu'il a pris cette décision de remplacer une femme par un homme «alors que le MR est engagé dans ce combat. Il a choqué les femmes et pas qu'elles.»
Il tient à un fil
Le recadrage ne s'est pas fait attendre. «Un solide recadrage.» Mais l'homme n'aime guère les remarques… Un cadrage permanent semble d'ailleurs attendre Georges-Louis Bouchez. «Parce que la confiance n'est plus là. Sa crédibilité est très fragilisée.» Par là même sa fonction ne tiendrait plus qu'à un fil.