La lente agonie de la bonne vieille ligne fixe de Proximus
Obsolète et souvent inutilement coûteuse, la ligne fixe freine son agonie grâce à la logique trompeuse du pack.
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Publié le 08-07-2020 à 18h55
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C'est une statistique étonnante. Fin mars 2020, 1 818 000 clients résidentiels Proximus bénéficiaient encore des services d'une ligne fixe. Si l'érosion annuelle est sévère (-6,3%) et récurrente, l'opérateur s'accroche aux branches à l'heure de ralentir la chute. Au cœur de son arsenal: le pack, cet abonnement qui panache de deux à quatre produits télécoms (Internet, TV digitale, mobile, fixe).
Le pack est un miroir aux alouettes. Sous couvert d'économies d'échelle, il fonctionne comme un cheval de Troie soucieux d'injecter un service obsolète, le fixe, qui peut être remplacé avantageusement par un mobile.
Dans certains scénarios, la ligne fixe est carrément imposée. Exemple: Scarlet, la filiale low cost de Proximus, distribue Internet et la TV digitale uniquement en association avec le fixe.

Stratégie gagnante
La manœuvre est payante. L’ancien Belgacom inocule la ligne fixe dans 713 000 packs quadruple play (Internet, TV, mobile, fixe). Sur l’ensemble des packs, le taux de pénétration est vertigineux. 87,64% des lignes fixes résidentielles de Proximus sont comprises dans ces formules à choix multiples.
«Environ 75% des clients ayant souscrit à un pack utilisent leur ligne fixe chaque mois, précise Haroun Fenaux, porte-parole de Proximus. Ils ne sont pas les mêmes chaque mois.»
Proximus n’est évidemment pas le seul opérateur à commercialiser la ligne fixe tout en exploitant la dynamique du pack.
Les abonnements convergents de VOO , d’Orange ou encore de Telenet proposent également ce service. Selon l’Institut belge des services postaux et des télécommunications (IBPT), la concurrence s’approprie approximativement un million de lignes fixes.
La chute du fixe de Proximus est également intimement liée à cette concurrence sur le triple et le quadruple play, avec une spécificité. Comme le souligne l'IBPT, «parmi ces opérateurs, Proximus est le seul à posséder une infrastructure de réseau téléphonique couvrant l'ensemble du territoire national. Proximus termine sur son réseau une grande partie des appels acheminés vers un numéro fixe en Belgique.»
Cette interconnexion de réseaux fait l’objet de coûts et de facturations entre opérateurs.
Efforts sur les tarifs
Malgré la libéralisation des télécoms, la modernisation des réseaux, l’arrivée de la VoIP (la voix via Internet) et des concurrents, Proximus garde encore en bonne partie la main. Au point de maintenir à prix élevé le vestige d’un passé révolu, l’abonnement à la seule ligne fixe (23,63€ par mois). Fin mars 2020, la Phone Line en solo comptait 228 000 clients (-15% en un an). Revenus générés par cette niche entre janvier et mars 2020: 19 millions€.
L’arrivée le 1er juillet 2020 des nouveaux packs Proximus Flex marque malgré tout un tournant. L’intégration du fixe à de meilleurs tarifs semble une réponse directe aux craintes exprimées par le groupe dans son rapport annuel 2019.
«La substitution des services de ligne fixe par des services internet/Over-The-Top (notamment par des applications et médias sociaux comme Skype, Facebook et WhatsApp) et du contenu TV (notamment Netflix, Amazon Prime Video, Disney + ) pourrait accroître la pression au niveau du chiffre d’affaires et des marges à mesure que ces services OTT gagnent du terrain.»