GRAPA: «Assignés à résidence»
Lundi, des manifestants viendront expliquerau ministre des Pensions qu’il n’est plus question de coincer chez eux les bénéficiaires de la GRAPA.
Publié le 15-02-2020 à 06h00
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L'arrêté royal est entré en vigueur en juillet dernier. Depuis, les facteurs de bpost servent d'agents de contrôle pour le Service fédéral des Pensions. « C'est le Gang des vieux en colère qui nous a alertés», raconte Sébastien Gratoir, de la Ligue des Droits humains (LDH).
En gros, selon la Ligue, cet arrêté restreint encore davantage la liberté de circuler pour les bénéficiaires de la GRAPA, cette allocation qui apporte un complément de revenus aux pensionnés dont les revenus sont les plus faibles. On explique.
Les 69 secondes du facteur
Les allocataires de la GRAPA doivent remplir un document une fois par an pour une déclaration de domicile. Et pour s'en acquitter, il suffit de se rendre à la Commune. Depuis juillet, le facteur peut apporter lui-même le document en question à domicile. Pas mal, ça… « Les personnes âgées ne doivent plus se déplacer, c'est vrai. Sauf qu'il y a une sanction si la personne ne réceptionne pas le document. Avant aussi, il y avait une sanction. Mais le délai était plus long », résume Sébastien Gratoir.
Et donc, le facteur se présente à la porte. Il sonne. Il attend 69 secondes, comme pour un recommandé. Sans réponse, il repassera deux autres fois dans un délai de 21 jours. Au 3e coup de sonnette infructueux, il laissera un document. « À partir de là, la personne âgée a 5 jours ouvrables pour aller à la Commune pour le remplir. Or, habituellement, c'est 30 jours qu'on laisse. »
Course en déambulateur
Et donc, le compte à rebours commence au premier passage du facteur. «Mais rien ne prouve que le facteur ne s'est pas trompé, qu'il a vraiment sonné. Le policier, lui, est mandaté.» Et même s'il a sonné trois fois dans les délais convenus, l'allocataire peut ne pas avoir entendu, prendre un bain, trottiner comme il peut avec des béquilles, être sorti faire une course, rendre visite à quelqu'un ou occuper ses journées ailleurs qu'à son domicile.
« Certains n'osent plus sortir. Ils sont comme assignés à résidence. C'est une restriction supplémentaire à la liberté de circuler. Le problème, c'est la sanction», complète la LDH.
Ce lundi à 10 heures, des représentants, entre autres, du Gang des vieux en colère, de la LDH et du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté manifesteront devant le cabinet du ministre des Pensions Daniel Bacquelaine, à Bruxelles.
Témoignages, discours, musique, remise d’une pétition par un faux facteur, courses en béquilles et déambulateur en 69 secondes… Une délégation sera reçue par le ministre. L’initiative est soutenue par une quarantaine de partenaires, dont les mutuelles, les syndicats (y compris ceux de bpost), des associations et des mouvements citoyens.