Le harcèlement scolaire plus fréquent à la sortie de l’hiver: «Les hormones rendent les ados plus impulsifs»
Entre la fin de l’hiver et la sortie du printemps, le (cyber-)harcèlement fait des ravages dans les écoles et peut mener certaines jeunes victimes au suicide. Un lien avec les saisons que nous explique Olivier Bogaert, spécialiste en cybercriminalité.
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Publié le 04-02-2020 à 17h17
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Vendredi dernier, la jeune Maëlle, 15 ans, s'est donné la mort après avoir été victime de harcèlement au sein de l'école Saint-Joseph de Jumet. Ce drame relance la question du harcèlement scolaire, un fléau qui touche un jeune sur trois en Belgique selon les chiffres de Child Focus.
Chaque année, c’est à la sortie de l’hiver que ce phénomène malheureux connaît une résurgence inquiétante. En effet, le harcèlement à l’école est plus fréquent à cette période de l’année et cela dure généralement jusqu’à la fin du printemps. «À partir du mois de janvier, on a une évolution psychologique et physique chez les adolescents. La croissance des hormones est plus grande durant cette période et rend les ados plus impulsifs», détaille Olivier Bogaert, commissaire à la Computer Crime Unit de la Police Fédérale.
Après les vacances de Noël, les ‘leaders’ ont besoin de réaffirmer leur leadership sur leurs congénères. C’est là que surgissent les problèmes de harcèlement.
Le harcèlement scolaire peut donc se décortiquer en différentes phases, qui coïncident avec des moments clés de la vie scolaire. À l’issue du 1er trimestre, durant lequel les élèves apprennent à se connaître, certains s’affirment tandis que d’autres comment à être délaissés. Mais c’est réellement à partir de la fin des vacances de Noël qu’un changement s’opère. «Après cette interruption, il y a parfois des changements de ‘leader’ dans certains groupes d’élèves. Ces leaders ont besoin d’affirmer ou de réaffirmer leur leadership sur leurs congénères. C’est là qu’on voit surgir des problèmes de harcèlement», constate ce spécialiste de la cybercriminalité.
D’après Olivier Bogaert, le harcèlement dans les écoles s’estompe généralement au sortir du printemps. «À cette date, les examens approchent et les élèves se concentrent sur leur travail. Ensuite, ce sont les vacances d’été où, à l’exception des groupes d’amis proches, les élèves qui se côtoyaient à l’école se voient peu.»
Une appli pour aider les victimes et identifier leurs «bourreaux»
Mais à chaque rentrée des classes, ce cycle infernal reprend de plus belle et l’avènement des nouvelles technologies et leur succès auprès des jeunes n’arrangent rien pour les victimes.
Avant l’ère des réseaux sociaux, les victimes de harcèlement prenaient une bouffée d’air au moment de rentrer chez eux. Désormais, le harcèlement les suit jusque dans l’intimité de leur chambre, où ils se retrouvent parfois seuls face à leur écran. «Le harcèlement scolaire peut-être facilité par les outils numériques, explique Olivier Bogaert. Sur les réseaux sociaux, il y a peu de réflexion et de filtres. Les jeunes s’y retrouvent confrontés à l’impulsivité de leurs congénères. Il existe également une certaine distance qui fait que le harceleur n’a pas toujours conscience de la portée de ses actes.»
Si un élève reçoit des insultes ou des menaces, il peut effectuer des captures d’écran et les envoyer à l’équipe éducative.
C'est pour tenter de lutter contre cette problématique que l'application «Cyber Help» a étélancée vendredi dernier. Cette solution numérique permet aux victimes de harcèlement d'activer une alerte dès la première agression grâce à leur smartphone et de déclencher un processus de prise en charge. «Si un élève reçoit des insultes ou des menaces, il peut effectuer des captures d'écran et les envoyer à l'équipe éducative. Le harceleur est donc identifiable et peut être mis face à ses actes. La sanction peut aller jusqu'au renvoi définitif de l'école. 'Cyber Help' permet donc de récolter des éléments concrets pour prouver qu'il y a bien eu harcèlement, notamment si l'affaire nécessite l'intervention de la police», ajoute le commissaire à la Computer Crime Unit de la Police Fédérale.