La filiale de Nethys qui reste dans l’angle mort
Après les révélations sur les incroyables indemnités octroyées au top management de Nethys (18,6 millions), où en sommes-nous? Si l’essentiel de l’ancien management a dégagé, certains sont toujours en place. Avec une capacité de nuire?
Publié le 26-11-2019 à 14h32
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Longue séance de questions et d'interpellations ce mardi en commission du Parlement wallon, sur les fameuses indemnités de « rétention » et les bonus octroyés à son top management.
Parmi les nombreuses questions, celle du député Écolo Stéphane Hazée: «On a évoqué ces indemnités ahurissantes pour 4 managers», rappelle-t-il. Dont 3 ne sont plus dans le paysage actuellement: le CEO Stéphane Moreau, le directeur financier Pol Heyse et Bénédicte Bayer, membre du comité de direction. Mais le 4e, Diego Aquilina, est toujours à la tête de la filiale Intégrale (assurances), constate Stéphane Hazée.
«Comment expliquer ça? Est-ce qu’il est enfin mis à pied?» Et de manière plus globale, est-il bien entendu que le manager de crise Renaud Witmeur fait en sorte que les personnes gravement mises en cause quittent leurs fonctions dans les différentes filiales?
Un travail colossal pour le «commando»
Selon les éléments de la note Witmeur publiés dans la presse, c’est via leur assurance groupe chez Intégrale que les quatre responsables ont pu percevoir une partie des montants en question. Diego Aquilina aurait exceptionnellement été présent lors de la réunion du comité de nomination et de rémunération de Nethys qui s’est tenu le 22 mai 2018, le jour où la décision a été prise de verser des indemnités de «rétention» pour que les managers de Nethys restent dans la maison, malgré des salaires désormais plafonnés par décret wallon. Il aurait touché, selon la presse, 3,4 millions d’indemnités de rétention, sur les 18,6 millions octroyés (bonus compris).
Je demande juste de leur laisser un peu de temps, pour qu’ils puissent poser des actes
Qu’en dit le ministre wallon de tutelle Pierre-Yves Dermagne?
La même chose, en gros, qu’aux autres députés qui lui ont posé une masse de questions ce mardi matin: minute, ça vient!
«Tout ça se met en place. C’est un travail colossal auquel ce “commando “(le nouveau management de Nethys, NDLR) s’attelle au quotidien. Je demande juste de leur laisser un peu de temps, pour qu’ils puissent poser des actes. Et à la tutelle aussi, pour que les décisions qu’on sera éventuellement amenés à prendre soient les plus solides possibles juridiquement.»
Les urgentistes et le polytraumatisé
Le ministre le rappelle: la note ou le rapport Witmeur, ce document qui confirme le versement de 18,6 millions aux quatre intéressés (dont 8,6 millions pour Stéphane Moreau), est une des conséquences de l’enquête qu’il a lui-même lancée dès sa prestation de serment en tant que nouveau ministre des Pouvoirs locaux, le 13 septembre 2019.
Dermagne a d’ailleurs refait minutieusement la chronologie de cette série de décisions et d’actes posés depuis son entrée en fonction. Avec la promesse que chaque action, chaque décision «s’inscrit dans l’intérêt général et le respect de la légalité». Qu’il évoque ses propres décisions en tant que ministre de tutelle ou celles de son son administration, des deux nouveaux CA (Nethys et Enodia) et du manager intérimaire Renaud Witmeur.
C’est de la médecine d’urgence. Mais de la médecine avant tout
Pour lui, ce n’est rien d’autre que de la médecine d’urgence. Dans un premier temps, en tout cas: «On fait face à un patient polytraumatisé. Il faut maintenir ce patient par des actes conservatoires et réparateurs. C’est de la médecine d’urgence. Mais de la médecine avant tout». Autrement dit, c’est très complexe et pas question de tout gâcher en bâclant les soins au patient très mal en point.
Un ministre toujours contraint à la discrétion
Frustrant pour les députés wallons, qui disent tous saluer le ministre pour sa détermination et sa diligence dans le traitement du dossier. Mais regrettent qu’il ne puisse pas encore s’exprimer en toute liberté, coincé qu’il est entre son devoir de réserve (le dossier est toujours à l’instruction) et sa volonté d’apporter une conclusion à cette histoire sans fin.
Stéphane Hazée reste lui aussi avec ses questions. Il fait le constat: «L’Intégrale reste dans l’angle mort. Mais je retiens que les organes de Nethys prennent des décisions pour mettre à pied le manager. Et que ceux qui sont toujours en place ne peuvent plus prendre de décisions» susceptibles de nuire au personnel des filiales ou à l’intérêt général.