Commerce: la Wallonie fait de l’œil à l’Espagne
La Wallonie a vanté les mérites de ses entreprises à Madrid, cette semaine. Une façon de redorer son blason, après une vague de tensions diplomatiques.
Publié le 09-11-2019 à 06h00
Nos entreprises ont une carte à jouer en Espagne. La patrie de Cervantes est en effet le septième client de la Wallonie, qui y a exporté pour 1,9 milliard d’euros en 2018, soit plus de 4% de ses exportations totales.
Cette semaine, la Région s'est donc présentée sous ses plus beaux atours afin d'attirer les investisseurs espagnols sur son territoire, mais aussi d'encourager ses entrepreneurs à se lancer dans l'exportation. L'événement Casa Valonia («Maison Wallonie»), associant notamment l'Agence wallonne à l'exportation et aux investissements étrangers (Awex) et Wallonie-Bruxelles International (WBI), a ainsi rassemblé une centaine de professionnels et près d'un millier de visiteurs à Madrid.
La bière wallonne a le vent en poupe
Alors, que vend-on en Espagne? Sans surprise, les produits des industries chimiques et pharmaceutiques occupent le haut du classement (lire ci-contre). Mais d’autres acteurs souhaitent également se faire une place, à l’exemple des brasseurs, qui tentent de profiter de l’engouement espagnol autour des bières artisanales.
«Nous n'exportons pas encore ici. Ce salon, c'est donc l'occasion d'avoir un premier contact avec le marché, de voir si nos produits plaisent aux Espagnols, et si le consommateur est prêt à payer un peu plus cher pour une bière importée, détaille Jean-Philippe Humblet, de la brasserie Bertinchamps (Gembloux). Pour une petite structure comme la nôtre, un salon comme celui-ci, c'est un fameux coup de pouce!»
Les produits de bouche, au sens large, ont la cote à l'étranger. «Historiquement, les Espagnols font partie des plus grands producteurs et consommateurs de foie gras, c'est un défi pournous d'être présents à ce salon, souligne Olivier Lahaye de chez Upignac. Nous nous sommes concentrés sur le Moyen-Orient, l'Asie, mais notre première destination d'exportation, ça reste l'Europe!»
Une mauvaise réputation
Un tel événement de visibilité est d’autant plus utile que la Belgique souffre encore d’une image négative en Espagne.
Depuis octobre 2017 et la tenue du référendum sur l’indépendance de la Catalogne, jugé illégal par Madrid, les relations entre les deux pays se sont tendues. D’une part parce que l’ancien président catalan, Carles Puigdemont, avait jugé bon de s’exiler en Belgique, alors que la justice espagnole le réclamait; et d’autre part en raison du soutien que la N-VA lui a accordé.
«Je peux vous dire qu'il n'était pas bon d'être Belge durant cette période», se souvient Didier Denayer, conseiller économique et commercial et représentant Wallonie-Bruxelles International à Madrid. Pour éviter de voir les relations, notamment commerciales, se détériorer, un premier événement de visibilité avait donc été organisé. «Cela a très bien fonctionné, d'où l'organisation de "Casa Valonia" cette année.»
Un événement positif qui tombe à pic, le nouveau mandat d'arrêt européen émis, à la mi-octobre, par la justice espagnole à l'encontre de Carles Puigdemont ayant ravivé les tensions. Sans parler des déclarations qui ont fusé cette semaine. Faut-il pour autant s'inquiéter de ce regain d'animosité et de son impact sur les relations commerciales entre la Wallonie et l'Espagne? «Il faut se rappeler que des élections se tiennent ce dimanche en Espagne; ça s'échauffe parce qu'on est dans un contexte électoral. Il n'y a pas d'impact sur le commerce, mais on reste toujours attentifs, pour éviter que cela ne déraille.»
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