Pilotes aveuglés par des rayons laser: difficile d’identifier les auteurs
Ces dernières années, de nombreux pilotes d’avions ont été la cible de pointeurs laser. Un geste dangereux et punissable... quand la police parvient à identifier les auteurs.
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Publié le 09-10-2019 à 17h00
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Si le geste peut sembler futile, pointer un laser vers le cockpit d'un avion peut s'avérer très dangereux. Lundi soir, le pilote d'un F-16 belge a été aveuglé par un laser alors qu'il survolait le Limbourg néerlandais. En juin dernier, un sexagénaire flamand avait été condamné pour les mêmes faits.
Bien que le risque soit classé comme «très faible», les incidents de ce type ne sont pas pris à la légère. «Ils peuvent entraîner distraction, éblouissement ou même une cécité temporaire au cours d’une phase critique du vol, le plus souvent lors de l’atterrissage», explique la Direction générale du Transport aérien.
Ils peuvent entraîner distraction, éblouissement ou même une cécité temporaire.
En effet, lors du décollage et de l’atterrissage, le pilote automatique est débranché et le pilote utilise ses propres yeux pour mieux juger les distances.
Si les rayons lasers disponibles dans le commerce n’ont pas la capacité d’endommager la structure des aéronefs, ils peuvent donc entraîner une approche interrompue, un refus d’atterrissage, une sortie de piste et, dans les cas les plus extrêmes, un crash de l’avion.
De nombreux incidents signalés mais peu de procès-verbaux
Selon des chiffres publiés par le ministère de la Mobilité en 2017, de nombreux pilotes se plaignent d’avoir été aveuglés par des lasers chaque année. En 2012, 178 incidents étaient recensés au sein des aéroports belges. Après une augmentation du nombre de signalements entre 2013 ( 199 incidents) et 2014 (222 incidents), on constate une légère diminution de 5 % entre 2015 et 2016, où l’on est passé de 150 à 143 signalements. Généralement, ce sont les aéroports de Bruxelles et Charleroi qui sont les plus touchés.
Parmi toutes ces plaintes, seule une poignée d’entre elles a débouché sur des procès-verbaux. La Police Fédérale a recensé deux PV en 2016, un seul en 2017 et 4 en 2018.
Grosse amende et peine de prison si les auteurs sont localisés
Bien que les pointeurs laser n’aient pas encore causé d’accident chez nous, la justice prend la problématique au sérieux. Le sexagénaire flamand condamné en juin dernier avait écopé de 1 200 euros d’amende et de six mois de prison avec sursis.
Toutefois, les peines peuvent être bien plus conséquentes. Si le geste est délibéré, le contrevenant risque une peine effective d‘un mois à deux ans de prison. Lorsqu’il s’agit d’une maladresse ou d’un défaut de prévoyance, la peine oscille entre huit jours et six mois.
Aux États-Unis et au Canada, les peines pour ce type d’infraction peuvent aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et des dizaines de milliers de dollars d’amende.
Pour la police, le plus gros défi est de pouvoir localiser les contrevenants. «La poursuite de ces infractions est entravée notamment par la difficulté de localiser et d’identifier les auteurs», avouait le ministre de la Mobilité, François Bellot, dans une question parlementaire posée en 2017.
Dans le cas du sexagénaire condamné pour avoir aveuglé un pilote de F-16, celui-ci avait utilisé son «pod de ciblage» pour communiquer les coordonnées GPS exactes de l’individu à la police locale. Moins de chance pour l’incident de ce lundi, pour lequel aucun suspect n’a pu être identifié.