Les journalistes de L’Avenir priés de se taire

Le préavis de grève déposé à L’Avenir arrive à échéance. La direction vient d’y répondre, avec menaces et tentatives musclées de mise au pas.

La Rédaction de L'Avenir
Les journalistes de L’Avenir priés de se taire
- ©© EdA - Jacques Duchateau

À la suite d'une assemblée générale du personnel de L'Avenir, le 3 juillet dernier, un préavis de grève avait été déposé. Sur base d'un vote à l'unanimité, moins une abstention. Alors que ce préavis arrive à échéance, et qu'une nouvelle assemblée générale est convoquée ce mercredi, la direction vient d'apporter sa réponse aux revendications. Elle est musclée. Le mot est faible.

Des courriels se sont abattus sur les boîtes mail des représentants de la rédaction, lundi en soirée.

1. L'un, adressé aux délégués de l'Association des Journalistes Professionnels (AJP) et de la Société des Rédacteurs (SDR), conteste à grand renfort d'arguments juridiques le rôle de moteur de la contestation et de relais d'un préavis de grève, tant de la SDR, que le l'AJP, « une union professionnelle qui s'attribue une fois de plus un rôle syndical dont elle ne dispose pas ».

Le préavis de grève est donc considéré par la direction, comme «irrecevable», « disproportionné» ou encore «injustifié, car il postule une immixtion dans des domaines de compétence qui relèvent tantôt du management, tantôt du plan de redressement finalisé et validé par les représentations syndicales».

Les avocats de Nethys viennent d’entrer en force dans un conflit social qui tourne désormais au vinaigre. Car le tir de barrage à des assemblées générales très dérangeantes, ne se limite pas à des arguments juridiques.

2. Une deuxième fournée de courriels a en effet été envoyée aux organisateurs de ces assemblées, dont le président de la SDR, Emmanuel Wilputte. Le ton est tout de suite donné: «Vous avez organisé récemment des assemblées du personnel pendant des journées de travail ». Aie. Et d'annoncer que les règles «devront dorénavant être strictement respectées ».

Elles sont tellement strictes, que cela revient en gros, à interdire tout rassemblement du personnel. Tout d'abord, interdiction aux représentants des journalistes de convier d'autres catégories de personnel. Ensuite, pour organiser une AG, il faut avertir la direction au moins 48 heures à l'avance, et obtenir accord préalable (bonne chance). La petite menace en prime: toute participation à une assemblée du personnel pirate «sera considérée comme une absence injustifiée du poste de travail et ne sera pas rémunérée».

3. Le troisième missile a été directement envoyé à la secrétaire générale de l'AJP, Martine Simonis. La représentante des journalistes francophones de ce pays. Il lui a été transmis sous forme de courrier recommandé de mise en demeure, lui expliquant qu'elle est désormais «persona non grata» dans l'entreprise. La direction de L'Avenir lui reproche «d'exercer une activité syndicale parallèle aux représentations existantes». Ou comment nier le statut d'association professionnelle à la très officielle et très respectée Association des Journalistes Professionnels. Désormais, ni elle, ni aucun représentant de l'AJP non membre du personnel, «ne peut accéder aux bâtiments sans s'être annoncé et identifié à la réception, et avoir été autorisé à entrer» (bonne chance!).

De toute façon, «l'AJP, en tant qu'association, n'est plus tolérée dans les assemblées du personnel de la rédaction». Tant qu'à faire, «aucune réunion interne à l'AJP ne peut se tenir pendant les heures de travail».

Ah oui, on oubliait: «Aucune réunion interne à l'AJP ou justifiée par l'affiliation à l'AJP, ne peut se tenir dans l'enceinte des bâtiments des Editions de L'Avenir, ou faire usage des ressources de l'entreprise».

4. L'avis du personnel? Voilà qui ressemble furieusement à une déclaration de guerre. Pas tellement de la direction de notre journal, qui exécute des ordres de mise au pas de la rédaction «manu militari», mais directement de Nethys et de ses dirigeants.

Inutile d’écrire que plus que jamais, l’ambiance est devenue irrespirable dans l’entreprise. Avec les derniers événements, d’une brutalité inouïe, les masques sont définitivement tombés.

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