«IPM veut prendre L’Avenir comme bouée de sauvetage»
Nethys a balayé hier la proposition formulée par IPM. Le CEO de L’Avenir va même plus loin: il y voit une tentative de survie du groupe bruxellois.
- Publié le 30-10-2018 à 08h00
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«L'Avenir n'est pas à vendre.» Nethys a réagi sans équivoque à la proposition formulée lundi matin par l'administrateur-délégué du groupe IPM, François le Hodey (lire ci-contre).
«Nethys s'étonne de la proposition de rachat de L'Avenir par IPM, peut-on lire dans le communiqué envoyé aux rédactions en fin de journée, tant par la méthode utilisée – un article dans ses propres titres de presse -, que dans la mesure où elle émane d'un groupe qui est lui-même dans une situation financière délicate depuis de nombreuses années. »
Contacté par nos soins, Jos Donvil, administrateur-délégué des Éditions de l'Avenir, va même un cran plus loin. «Je crois que la tentative d'IPM vise plusieurs objectifs. Premièrement, ils essaient de perturber notre discussion autour d'un plan de relance de L'Avenir. Ensuite, je crois qu'IPM veut prendre L'Avenir comme bouée de sauvetage pour eux. Je ne crois pas que c'est notre rôle.»
Et d'étayer: «Ils perdent de l'argent, résultat net après impôt, depuis des années. Et ils ont un endettement important (NDLR: 18 millions d'euros fin 2017, selon le rapport de la BNB). Je ne vois pas l'avantage pour nous, en quoi ils pourraient nous assurer un avenir. Je ne crois pas qu'IPM soit la solution.»
Pour Jos Donvil, la sortie de François le Hodey, dans ses propres journaux, ne vise d'autre «but que de perturber des négociations délicates. Dans un contexte difficile pour la presse en général, cette annonce nuit grandement aux Éditions de l'Avenir, à ses travailleurs et porte atteinte au pluralisme de la presse belge francophone.»
Dans son communiqué, le groupe liégeois rappelle que «le plan de redressement du quotidien L'Avenir (a été) soutenu à l'unanimité par le conseil d'administration de Nethys et par celui des Éditions de l'Avenir.»
Un plan qui, selon Nethys, vise à redimensionner le groupe, jugé trop gourmand en personnel: «À l'heure actuelle, les Éditions de l'Avenir sont le seul groupe à avoir continuellement augmenté son personnel alors que tous les autres groupes de presse le diminuaient.»
«Croire qu’IPM sera la solution, c’est rêver»
Le patron de L'Avenir n'entend pas dévier de sa ligne: «Ce qu'on doit faire, c'est se concentrer et organiser le plan de réorganisation et le plan de relance. Croire qu'IPM sera la solution, c'est rêver. C'est loin de la réalité et c'est agrandir le risque.»
Pour Jos Donvil, si la solution peut paraître alléchante à court terme (François le Hodey promettant d’éviter le bain de sang social), elle ne résoudra rien sur le long terme.
Il entend donc poursuivre, coûte que coûte, la réalisation du «plan de transformation et de croissance», même si celui-ci est «humainement difficile». Et cela, a-t-il répété hier, avec l'équipe dirigeante actuelle. Y compris donc avec le directeur des rédactions, Philippe Lawson, qui a perdu la confiance du personnel des Éditions de l'Avenir.