Pouvoir d’achat: seulement 5% d’augmentation en 25 ans
Selon l’Institut pour un développement durable, le pouvoir d’achat n’aura guère évolué entre 1995 et 2020. La faute à la crise de 2008. Et aux intérêts rikiki.
- Publié le 16-08-2018 à 18h11
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Philippe Defeyt, vous venez de publier une étude pour l’IDD sur le pouvoir d’achat en Belgique. Un constat: entre 1995 et 2020 il n’aura augmenté… que de 5%. Pourquoi si peu selon vous?
D’abord, il y a un impact très négatif des revenus de la propriété. Il y a notamment eu une chute vertigineuse des intérêts qui ont perdu 92% et des dividendes qui ont été divisés par 5! En 2020, la masse salariale aura augmenté de 45% par rapport à 1995. Les revenus de la propriété, eux, auront chuté de 31%. Ensuite, il y a eu le saut d’index de 2%. Et puis, bien sûr, l’impact de la crise de 2008.
Vous estimez qu’on ne retrouvera un pouvoir d’achat d’avant crise qu’en 2020. Pourquoi autant de temps pour se relever?
Parce que la crise a été profonde. Après elle, les sociétés n’ont plus distribué de dividendes. Et quand elles engageaient, c’était avec des salaires moindre qu’auparavant.
Mais les salaires, malgré tout ont augmenté…
Le salaire moyen brut a progressé de 13% depuis 1995. Mais la moitié de cette hausse a été acquise entre 1995 et 2003. Le salaire moyen a marqué deux pauses. Qui ont chaque fois duré plusieurs années.
Vous dites que le pouvoir d’achat collectif a mieux tenu le coup que le privé. Ça veut dire quoi?
Que le pouvoir d’achat «subsidié» que représentent la santé, l’éducation la culture, le logement social, a mieux résisté à la crise. Fort heureusement d’ailleurs. Ça a permis de protéger la population. Il en va de même pour les allocataires sociaux.
Comment ça?
Le pouvoir d’achat des «pauvres» a plus augmenté que le pouvoir d’achat moyen: 16% contre 5. Ça aussi, c’est une bonne chose. C’est dû à deux facteurs: le retrait du pouvoir d’achat moyen et la liaison au bien-être qui a permis au revenu d’intégration d’augmenter régulièrement au-delà de l’indexation sur les prix.
Le pouvoir d’achat semble avoir moins évolué en Wallonie et à Bruxelles qu’en Flandre…
L’écart s’est essentiellement creusé avant la crise. Depuis, il est stabilisé. Mais on ne parvient pas à rattraper la Flandre. Une preuve de plus qu’on fait des choses en Wallonie pour faire progresser la situation socio-économique mais que ça reste insuffisant.