Guerre 14-18: il y a 100 ans, l’offensive des Cent Jours débutait, ce qu’il faut en retenir
Entre le 8 août et le 11 novembre 1918, les troupes alliées mènent une série d’attaques victorieuses en France et en Belgique qui ont mis fin à la Première Guerre mondiale. Cent ans plus tard, retour sur cette offensive décisive avec l’historien namurois Axel Tixhon.
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Publié le 07-08-2018 à 15h47
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Le 8 août, surnommé le «jour de deuil de l’Allemagne»
Après de longs mois de domination allemande, l’offensive des Cent Jours menée par les Alliés et coordonnée par le maréchal Foch surprend les troupes germaniques. «Le 8 août 1918 est considéré comme un moment pivot de la Première Guerre mondiale, explique Axel Tixhon. Du jour au lendemain, les Allemands commencent à perdre d’importants territoires difficilement conquis alors qu’ils semblaient prêts à gagner la guerre. Parallèlement à ce recul des Allemands, on observe aussi la démoralisation, voire la désertion de plusieurs pelotons de l’armée allemande. C’est ce qui pousse le général Ludendorff à surnommer ce 8 août le jour de deuil de l’Allemagne.»
Des offensives alliées plus efficaces que prévues
Du côté des Alliés, qui n’ont fait que défendre durant plusieurs mois, l’objectif de cette offensive est simplement de souffler. «Les Alliés veulent gagner un peu de terrain en dégageant certains points sensibles aux mains des Allemands. Mais de façon surprenante, ces attaques coordonnées fonctionnent mieux que prévu. Cela vient notamment de l’utilisation des chars, mieux maîtrisée qu’auparavant. Grâce aux chars, les Alliés peuvent attaquer par surprise en faisant passer ceux-ci devant les troupes pour écraser les premières lignes ennemies. Aussi bien les Alliés que les Allemands sont surpris par ce retournement de situation soudain.»
Une stratégie différente mais payante
Au même titre que la bataille de Verdun ou de la Somme, l’offensive des Cent Jours est l’une des batailles les plus importantes de la guerre 14-18. Pourtant, son mode opératoire diffère de ces batailles mythiques. «On assiste ici plutôt à un mouvement de poussée continue et à une coordination sur plusieurs points, détaille l’historien. Auparavant, on assistait principalement à des grosses attaques sur un point stratégique comme à Verdun. Cette coordination sur tout le front menée par Foch déstabilise totalement les Allemands qui se voient forcés de reculer.»
Le rôle prépondérant des Canadiens
Intégrées au sein de l'armée britannique, les troupes canadiennes s'illustrent particulièrement durant ces combats, notamment durant la bataille d'Amiens. C'est la raison pour laquelle on nomme parfois cette offensive les Cent Jours du Canada. «Les soldats canadiens remportent beaucoup de succès et se distinguent par leur grande bravoure sur le champ de bataille. Ces victoires jouent un grand rôle par rapport au sentiment national canadien.»
Les Belges participent tardivement à la reconquête
Bien que cette offensive se déroule en partie en Belgique, le rôle des Belges est peu mentionné. Et pour cause, ils ne se sont investis dans cette série d’attaques que très tard. «Le roi Albert 1er a toujours refusé de jouer un rôle offensif durant la guerre. Toutefois, à partir du mois de septembre 1918, il remarque la bonne coordination des forces alliées et le caractère réfléchi des attaques et se joint à la reconquête des territoires. L’armée belge se distingue notamment lors de la bataille de la forêt de Houthulst où elle paie de lourds tributs. D’ailleurs, les pertes militaires belges sont surtout concentrées en 1914 et en 1918. Le refus du roi de jouer un rôle offensif durant la majorité de la guerre y est pour beaucoup.»
Des revers militaires qui poussent l’Allemagne à capituler
Alors que l’Allemagne n’a jamais été attaquée sur son sol, l’offensive des Cent Jours fragilise l’empire qui se voit contraint de capituler. «Depuis le début des offensives alliées le 8 août, l’Allemagne enchaîne les revers militaires et ne fait que reculer, raconte Axel Tixhon. Cette succession de défaites engendre une révolution de la part du peuple allemand qui a consenti de gros sacrifices et qui ne veut plus de cette guerre qui semble perdue. L’empereur Guillaume II est donc poussé à abdiquer et l’armistice est signé.»