«Avant, on ne cherchait pas tout ça»
«On trouve ce qu’on cherche. Avant, on ne cherchait pas tout cela. Dieu sait ce qu’on a avalé comme dioxine. Il fut un temps où, pour lutter contre la gale, on enduisait les vaches avec de l’huile de vidange.
Publié le 14-03-2018 à 06h00
:focal(507x406.5:517x396.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/SJ52VSDSYRFHHALIPU5PLYWT6U.jpg)
Vous pensez bien que ça se retrouvait dans le lait. Aujourd’hui, on va de plus en plus loin dans les contrôles et on va retrouver de plus en plus de choses.»
Pour Alain Schonbrodt, la succession de ces petits scandales sanitaires sans incidence majeure sur la santé – Veviba dans la foulée de la crise du fipronil – a, au moins, le mérite de démontrer l’importance, sinon une certaine efficacité, des contrôles. La mafia des hormones, avec l’assassinat du vétérinaire Van Noppen en 1995, les 160 morts de la crise de la vache folle entre 1996 et 2006, la crise de la dioxine en 1999… notre histoire alimentaire est chargée d’épisodes bien plus lourds. Sans oublier, en 2011, les 33 personnes décédées en Europe après avoir consommé des graines germées bios, venant d’Espagne, contaminées à une variante agressive d’E. coli. Ce qui, pour le responsable de l’Union professionnelle des vétérinaires, démontre qu’être végétalien n’est pas la solution à tout.
«J’ai commencé, il y a 40 ans, en pleine période de la brucellose, où j’ai vu se passer des choses effrayantes. Aujourd’hui, d’un point de vue de la qualité sanitaire, on a bien évolué. Du point de vue de la qualité gustative, c’est autre chose mais l’histoire de la queue de vache, il y a un temps où cela aurait juste fait rigoler. Un temps où certains marchands allaient présenter leurs bêtes malades dans certains abattoirs plus complaisants.»
Tout cela, affirme-t-il, est terminé. «Les problèmes au niveau de la ferme sont résolus à 99%, je crois, et les vétérinaires sont responsabilisés. Nous, si nous faisons une boulette, on peut se faire suspendre et à la première infraction, c'est 1 000 euros.»
Le consommateur cherche trop le prix
Une époque est donc révolue. «Mais il y a toujours des gens qui voudraient y retourner. La compression des prix est telle que si on peut éviter une dépense, on l'évite», dit-il. Et puis, en bout de chaîne, le consommateur «regarde avant tout le prix, et pas la qualité. Les producteurs sont coincés entre d'un côté les grosses firmes agrochimiques qui fournissent les intrants, qui viennent parfois de très loin, et de l'autre les grandes enseignes de commerce qui se font la guerre. Travailler au prix des grandes chaînes, c'est se tuer petit à petit, s'étrangler. Le moindre petit profit est alors bon à prendre.»