Classement QS : l’ULg, l’ULB ET l’UCL à la baisse ? Pas de quoi s’inquiéter
La régression des universités francophones belges (ULg, ULB et UCL) au classement QS et leur absence du top 100 doit-il vous inquiéter? Non. Décryptage.
Publié le 06-09-2016 à 16h58
:focal(545x369:555x359)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/VJ6GHYEL45EPNC7VGVYP3YHOHA.jpg)
Chaque année, la compagnie QS (Quacquarelli Symonds) dédiée à l'enseignement supérieur publie son classement des meilleures universités au monde. En Belgique, les universités francophones accusent un recul. Cinq raisons pour lesquelles ce classement n'est pas significatif…
1. Une approche anglo-saxonne
Dans le top 20, on trouve surtout des universités américaines et anglaises… et pour cause: c’est la langue anglaise qui prédomine pour les citations. Le volume des citations par université constitue un indicateur du classement QS à hauteur de 20%. La langue de référencement est donc cruciale. Chez nous, en Belgique francophone, et en France, les publications en sciences humaines sont principalement rédigées en français. Ce qui les met en position de faiblesse à l’international.
2. Des enquêtes de notoriété « opaques»
Le classement QS se base pour 50% sur la réputation que les universités possèdent. Pour évaluer leur réputation, des enquêtes de notoriété sont envoyées à des académiques (40%) et à des employeurs (10%) du monde entier. «Mais la méthodologie utilisée est très opaque, critique Catherine Dehon, chargée de missions pour les rankings auprès du Recteur de l'ULB. On ne sait pas comment sont constituées les listes des personnes interrogées, et on ne peut vérifier qui y répond effectivement».
3. Des classements moins utiles en Belgique
Ce type de classement a été initié aux États-Unis, en Asie et en Angleterre, où les universités ne sont pas financées par les pouvoirs publics au contraire de la Belgique. Elles ont donc intérêt à booster leur réputation; d’abord pour attirer un maximum d’étudiants qui constituent leurs sources principales de financement (montants astronomiques des droits d’inscription). Ensuite, pour attirer des chercheurs et des professeurs renommés qui les feront monter dans les rankings. La boucle est bouclée.
4. Des limites au système
L'indicateur sur le nombre de citations par université implique donc, pour chacune d'elles, d'avoir les meilleurs chercheurs (voir point précédent). «Mais dès qu'on perd un bon chercheur, qui publiait régulièrement et donc était souvent cité, on dégringole dans les classements», explique le Vice-Recteur de l'ULg, Éric Haubruge. Et d'ajouter: «L'Université de Liège déplore le départ d'un de ses professeurs cette année. Un départ à la retraite qui pourrait en partie expliquer la perte de 50 places de l'université, la relayant à la 315e place au classement QS.»
5. Des établissements profondément différents
La taille, l'ancienneté et l'offre de services des universités influencent également le classement. «Les rankings mélangent des universités qui sont profondément différentes, déclare Elena Chan-Alune, analyste à l'ULg. Ils mettent dans un même panier des universités publiques et privées. On y observe aussi bien des établissements formant exclusivement des ingénieurs, avec des locaux plus adaptés, mieux financés, que des universités multidisciplinaires avec moins de moyens.»
6. La conclusion
Mais les différentes universités francophones belges sont loin d'être défaitistes. Les rectorats sont unanimes: «se positionner dans le top 300 mondial, c'est déjà remarquable!»