Un faux «Metro» pour secouer la SNCB
Il y avait deux «Metro» ce matin dans certaines gares du pays. Le vrai, classique, et le faux avec un «E» à l’envers. Une édition à 80 000 exemplaires sur le ton de l’humour et de la parodie autour de la SNCB.
Publié le 07-03-2016 à 10h44
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Quoi? Plus de 3 milliards pour une nouvelle gare à Jurbise? Ce n’est plus un titre, c’est une bombe.
On comprend mieux quand on entre dans l’article de ce drôle de «Metro».
«Jacqueline Galant, ministre de la Mobilité et bourgmestre de Jurbise, a réussi l’exploit de trouver la somme de 3,12 milliards d’euros (et 23 centimes) afin de rénover et d’agrandir la gare de sa ville. Elle est actuellement en contact avec un bureau d’architectes égyptiens. Elle hésite entre une copie de sphynx ou des pyramides de Gizeh.»
Et donc, ce «Metro» est un faux. Mais il ne lui manque rien. Pas même un horoscope (humoristique) et une chronique «Kiss & Ride»: «Bonjour, j’ai perdu mon guichet en 2006. Quelqu’un peut me dire où il est? La gare de Tilff».
Cette édition parodique a été tirée à 80 000 exemplaires, moitié pour les gares flamandes, moitié pour les gares francophones. Certains campus universitaires sont aussi concernés.
Un ton grinçant, de l'humour mais aussi du fond et des propositions, le tout signé par le collectif citoyen «Tout autre chose ? ».
«Tout autre SNCB»
Olivier Malay est membre de Tout Autre Chose. Ce matin à l’aube, il était à la gare d’Ottignies avec six autres volontaires pour distribuer aux navetteurs ce faux «Metro». La scène s’est répétée dans d’autres gares: Braine-le-Comte, Bruxelles, etc.
«Les navetteurs ne voient pas tout de suite la différence: le design est pile le même. À part la lettre inversée et la mention “Édition parodique”. Mais on fait passer le message»...
Pour quoi faire et quoi dire, dans ce «Metro» à l’envers?
La réflexion est née en décembre, avec un groupe de jeunes du collectif. «On s’est dit qu’on parlait beaucoup de la SNCB. Mais en réalité, on ne parle que de grèves. Pour nous, c’est important de parler des retards, du prix des billets, de la suppression des gares, etc. C’est comme ça qu’on a créé le groupe “Tout autre SNCB”», raconte Olivier Malay.
«Ce qui cristallise nos critiques», précise-t-il, «ce sont les 20% de coupes budgétaires au final. Et ce qu’on souhaiterait à la place, c’est un réinvestissement dans le rail, afin d’avoir des trains plus fréquents, plus sûrs, à l’heure et moins chers.»
Le groupe fait des propositions aussi. Comme piocher dans les subsides versés au créneau des voitures de société pour réinvestir dans le rail.
Un autre faux Metro bientôt
Un one shot? Pas vraiment.
Le groupe annonce un autre faux «Metro» pour mars, plus généraliste. «L’idée, c’est de procéder un peu comme le film “Demain”, mais en version papier. Une sorte de recueil d’alternatives pour la société», résume Olivier Malay. Cette fois, il serait tiré à 90 000 exemplaires.
Il devrait paraître dans une dizaine de jours. Il permettra aussi de mobiliser du monde pour «La Grande Parade» du 20 mars à Bruxelles, réédition de la «Parade» de l’année dernière, contre les mesures d’austérité du gouvernement (20 000 personnes).
Le même principe est adopté cette année: chaque participant a la possibilité de mettre en scène sa proposition alternative pour la mobilité, l’environnement, la coopération au développement, le social, les réfugiés... «Pour une société multiple et solidaire, où tout le monde se sent chez lui».