Le roi «planqué» en thalasso? Avant de juger, mieux vaut décrypter
Le roi Philippe était en thalasso en Bretagne au plus fort de l’alerte terroriste sur Bruxelles. Polémique: sur des photos, on le voit en peignoir "en train de siroter un verre". A-t-il choisi d’y rester plutôt que de revenir en Belgique et assumer sa fonction de chef d'Etat, fut-elle symbolique ? Mais au fait: devait-il revenir? Avant de juger, décryptage…
Publié le 01-12-2015 à 20h26
1. L’origine
2. La polémique
Elle apparaît plus nettement au départ d'un tweet du Canard enchaîné, l'hebdo français. Peu après 15 h, celui-ci annonce: «Demain, dans le Canard… Il avait disparu pendant l'alerte attentat… Nous avons retrouvé le roi des Belges… Une affaire qui va faire des remous»
Comprenez: la situation dans laquelle se trouve Philippe va susciter la polémique. Pour preuve: en filigrane – on l’apprend assez rapidement -, la promesse d’une photo du roi pris «en flagrant délit» de thalassothérapie à Quibéron, alors que l’inquiétude rongeait Bruxelles et le pays.
3. L’accélérateur
La polémique surgit 24hà peine après la visite du Roi au Centre de crise, à Bruxelles. Visite lors de laquelle il a mis en exergue le travail des personnes qui ont veillé et veillent encore à la sécurité des citoyens bruxellois et belges; «je suis très impressionné que vous n'ayez pas compté votre temps; que vous ayez tout donné», déclarait-il ainsi.
4. Le flou
Un certain flou règne autour des dates du séjour et de la prise de vue de(s) photo(s). Selon le Palais royal, cité par le Niewsblad, «le séjour était prévu de longue date». Mais le Palais ne donne aucune information quant à la durée de ce dernier, et les dates d'arrivées et de départ du Roi. Idem pour la ou les photos.
5Les explications officielles
En fin d'après midi, communiqué du Premier ministre par la voix de son porte-parole. Face à la polémique naissante, il a d'abord tenu à préciser que «le Roi s'est tenu informé en permanence auprès du Premier ministre tout au long de la période de menace et en particulier lorsque nous étions en niveau 4.»
Et ensuite: «Il n'est pas prévu que le gouvernement et/ou le Premier ministre soi (ent) informé(s) de l'agenda privé du Roi.»
6. La traduction des explications officielles
7. Le Roi a-t-il reçu un conseil?
«On peut imaginer que le gouvernement préférait le savoir hors de Bruxelles à ce moment, confirmele politologue Pierre Vercauteren. On lui a peut-être conseillé de ne pas se déplacer. Et donc de ne pas revenir .»
Une situation qui est déjà arrivée par le passé. C'est ce qu'avait fait l'ancien premier ministre Jean-Luc Dehaene lors de l'affaire Julie et Mélissa: «Albert II était en vacances et Dehaene lui a dit de ne pas revenir pour ne pas encore plus dramatiser la chose», explique l'historien Françis Ballace.
Par ailleurs, selon Pierre Vercauteren, le fait que le roi était déjà en Bretagne au moment du rehaussement de l'alerte tue la polémique dans l'œuf. «Le gouvernement, à tout le moins le ministre de l'Intérieur, le savait. Quand le roi se déplace pour une raison privée, c'est la règle, même s'il ne doit pas demander l'accord gouvernemental comme pour un voyage officiel.»
8. Sa présence était-elle nécessaire en Belgique?
L'historien, Francis Balace, coupe court à toute interprétation. Pour lui, dans le cas de figure où le niveau de sécurité était relevé à 4, il était peut-être préférable qu'il ne soit pas présent. «Et lorsque Charles Michel a annoncé qu'on relevait le niveau, il a aussi annoncé qu'il n'y aurait plus d'apparition publique du roi.»
Francis Balace imagine deux cas de figure où la présence du Roi aurait été requise: en cas d'attaque de l'armée belge; «Si on venait à massacrer des militaires, il est toujours le commandant en chef des forces armées.»
Ou si la situation exigeait sa signature: «comme l'état d'urgence en France. Si c'est coulé sous forme d'une loi, le roi doit la signer.
Au final, ni l’un ni l’autre ne sont arrivés. Et on signalera, pour être complet, quePhilippe et Mathilde ont lancé, dès la semaine dernière, une invitationaux famillesdes victimes belges des attentatsde Sousse (26 juin 2015), Tunis (Musée Bardo, 18 mars 2015), Paris (13 novembre 2015) et Bamako (20 novembre 2015).
Une rencontre qui a eu lieu ce mardi1er décembre,pour leur témoigner de leur empathie.