Massacre organisé du pinson des arbres
Par an, tout autour de la Méditerranée, 25 millions d’oiseaux sont tués illégalement. BirdLife dévoile les nombreuses espèces en chute libre.
Publié le 26-08-2015 à 08h16
Chasseurs, tendeurs et braconniers des pays situés sur les principales routes de migrations profitent du laxisme des autorités pour tuer un maximum d’oiseaux; la plupart du temps par pur plaisir. Le rapport BirdLife International estime que le pinson des arbres est le plus massacré (2,9 millions/an) devant la fauvette à tête noire (1,8), la caille des blés (1,6) et la grive musicienne (1,2). Si ces espèces ne sont pas menacées à l’échelle européenne, d’autres, victimes de pièges et tueries comme le courlis cendré, sont déjà classées comme vulnérables sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Des pays en guerre ou touchés par des conflits civils, comme la Syrie ou la Libye, figurent aux premiers rangs de ce classement. On peut comprendre qu’ils aient d’autres préoccupations… Mais certains pays européens font à peine mieux. Ainsi, l’Italie, où on estime que 5,6 millions d’oiseaux sont tués illégalement chaque année, occupe la 2e place du classement des pays où sont tués le plus grand nombre de migrateurs! Famaguste (Chypre) reste la pire région de toute la région méditerranéenne. Les autres pays européens du Top 10 sont: Grèce (0,7 million), France (0,5), Croatie (0,5) et Albanie (0,3).
De la colle sur les branches
Bien que ne figurant pas dans le Top 10, Malte, avec 108 000 oiseaux tués, reste le pays où l’on déplore le plus grand nombre d’oiseaux tués par km2 .
« Il y a certes des erreurs d'identification des chasseurs, mais à la source de ces chiffres récoltés scientifiquement, on trouve le tir illégal, l'utilisation de filets, la pose de colle sur les branches mais aussi l'utilisation d'enregistrements sonores pour inciter les oiseaux à s'arrêter sur les lieux des tueries», détaille Arnaud Laudelout pour Natagora.
En France, les chiffres publiés mentionnent notamment le pinson des arbres, le rouge-gorge ou le bruant ortolan. Et des espèces bien plus rares sont également prises au piège de ces méthodes qui tuent aveuglément. La chasse légale prélève, à elle seule, 25 500 000 oiseaux chaque année en France (64 espèces chassées 7 jours sur 7 et 7 mois sur 12; contre moins de dix espèces d’oiseaux concernées par la chasse chez nous).
Autre exemple, la tourterelle des bois qui a décliné de plus de 30% en Europe depuis le début du millénaire. Chez nous, elle a même décliné de 90% depuis 1990. Pourtant, plus d’un million d’individus sont tués illégalement chaque année en Europe. En Wallonie toujours, ce sont surtout les oiseaux liés au milieu agricole qui disparaissent. Des granivores qui peinent et laissent davantage de place à quelques espèces plus généralistes, comme les corvidés (pies, freux, corneille, choucas…) et autres tourterelles turques.
La directive européenne «Oiseaux» interdit l'utilisation de filets par les chasseurs. Il s'agit d'une méthode de capture «massive ou non sélective ou pouvant entraîner localement la disparition d'une espèce». Elle prohibe également collets, pièges trappes, hameçons, explosifs, appâts empoisonnés ou enduits de tranquillisants.