Les CPAS disent «non» à la fusion avec les Communes
La Wallonie prépare la fusion des CPAS et des Communes.Pour Claude Emonts, c’est une ineptie économique et pratique.
Publié le 14-04-2015 à 07h33
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Claude Emonts, vous êtes président de la Fédération des CPAS wallons. Vous avez récemment rédigé une carte blanche pour vous opposer à la fusion des CPAS et des Communes. À la base, cette idée de fusion, elle vient d’où.
À la base c’est une petite ligne de la DPR qui dit que la volonté du gouvernement est de proposer une fusion sur base volontaire. Mais en fait, on s’aperçoit que c’est une volonté de la N-VA qui va imposer cette fusion en Flandre. Le but est évidemment de supprimer le financement fédéral des CPAS pour le reporter sur les Communes. Ça implique que l’on touche au droit à l’aide sociale et à la sécu. Elle ouvre la voie à une nouvelle scission de la protection sociale. Soit le gouvernement wallon ne s’en rend pas compte, soit il y a une volonté dans son chef de faire plaisir à des bourgmestres qui ne supportent pas l’indépendance des CPAS.
Et selon vous, cette fusion apportera plus de mal que de bien?
On ne voit pas pourquoi on devrait se concentrer sur des problèmes de structures au moment où, ce dont on a besoin, c’est d’une politique sociale efficace pour sortir les gens de la pauvreté. Nous ne sommes pas contre les coopérations entre CPAS. Par exemple en faisant coller la réalité du territoire de la pauvreté avec celui de l’aide. On pourrait travailler par bassins de vie. On peut aussi imaginer certains services communs entre CPAS et Communes, comme le personnel, le service travaux. Mais fusionner tout, ça coûterait plus cher.
Vous pointez aussi du doigt le fait que CPAS et Communes ont des structures différentes…
Oui! Dans une Commune, on est dans une logique de majorité contre opposition. Dans les Conseils de l’action sociale, c’est pluraliste et proportionnel. L’opposition a son mot à dire dans les décisions qui sont prises. et grâce à ça, on arrive à des résultats.
Le ministre Paul Furlan a prévu une note d’orientation pour juin. Mais il semble qu’il veuille trouver un moyen terme en séparant l’aide sociale et l’action sociale. Une bonne idée?
C’est impossible tant l’action sociale est le prolongement de l’aide. La preuve que ce n’est pas une bonne idée: des Villes comme Charleroi et Mons ont choisi la posture inverse: ils confient l’ensemble de l’action sociale aux CPAS.
Vous pensez faire infléchir la volonté du gouvernement d’opérer une fusion à l’avenir?
Je pense qu’il y a de la marge de négociation. Si on voit que ça ne marche pas, il pourrait y avoir des actions de la part des CPAS…