Le 13 décembre, notre alimentation devra être à l’étiquette
La nouvelle étiquette des produits alimentaires, c’est pour le 13 décembre. L’idée, c’est de mieux savoir ce que l’on mange. Partout en Europe.
Publié le 28-11-2014 à 05h00
:focal(507x299.5:517x289.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/HNG5LWIMR5HFZOEVLR6JLDRHRQ.jpg)
Considérer que la santé découle d’une alimentation correcte a conduit le Parlement européen à réglementer l’étiquetage des produits alimentaires. On peut même dire que les eurodéputés ont fait d’une pierre deux coups: l’harmonisation des étiquettes est une fameuse avancée pour l’industrie alimentaire, confrontée à des exigences différentes selon les pays où leurs produits étaient distribués.
Pour ces nouvelles étiquettes, on ne part pas de zéro. De précédentes législations européennes en balisaient déjà l’usage. On lira ci-dessous les principales modifications qui, théoriquement, devraient permettre au consommateur de mieux cibler ce qu’il achète. Ou encore de comparer.
«Nous aurions voulu aller plus loin. En réclamant que ces étiquettes réglementaires soient apposées sur la face avant du produit, par exemple», explique Pauline Constant, du BEUC (la coupole des associations de consommateurs en Europe).
L’industrie alimentaire a soutenu que ce n’était pas praticable et a obtenu gain de cause.
Protectionnisme?
Une autre polémique survint à propos de l’origine de la viande. L’idée, c’était de dire que cette provenance, au départ destinée à la traçabilité, a aussi du sens pour les consommateurs qui veulent de plus en plus manger des produits locaux. La viande fraîche de bœuf était déjà soumise à cette obligation mais pas la volaille ou les ovins. Sur le coup, ce sont les industries qui ont dû s’incliner tout en obtenant un délai supplémentaire.
«C'est vrai que nous n'étions pas favorables car nous y voyions une forme de protectionnisme. Cela favorisait surtout les grands pays. En Belgique, nous sommes petits et nous devons beaucoup tabler sur nos exportations», admet Nicholas Courant, de la FEVIA (le secteur de l'industrie alimentaire de la FEB).
Pas tout d’un coup
Précisons tout de même que le 13 décembre, l’ensemble des produits alimentaires ne répondront pas à ces nouvelles normes. Les distributeurs ont obtenu l’autorisation de vider leurs stocks. Pour les produits frais, cela risque d’arriver rapidement.
Pour d’autres denrées, cela prendra évidemment un peu plus de temps: on ne va pas quand même jeter les conserves pourvues d’anciennes étiquettes. Il faudra donc deux ans pour que tout soit en ordre.
Bon pour la santé
Ce n'est pas la première fois que l'Europe s'intéresse aux étiquettes: on avait vu fleurir sur les emballages les bienfaits de tel ou tel produit sur la santé. Parfois de façon très précise: bon pour les os, pour les intestins,... On appelle cela des «allégations de santé ». L'Europe a mis un sérieux coup de balai dans ces affirmations en les soumettant à une agence (EFSA) chargée d'en valider la légitimité scientifique. Au final, 80% de ces allégations ont dû être retirées des emballages.
Là où ça va changer
Écrit un peu plus grand

Les associations de protection de consommateurs réclamaient une taille d’au moins 3 mm pour le lettrage de ces étiquettes. L’industrie a fait savoir que ce n’était pas possible vu la taille des emballages.
Le Parlement européen a tranché: ce sera 1,2 mm et 0,9 mm pour les emballages de petite taille. On l’aura compris: il faudra toujours avoir une bonne vue pour les lire. Il avait été question de mettre ces étiquettes à l’avant mais l’industrie a hurlé: ce sera toujours à l’arrière.
Ils devront être distincts

Pour l’instant, les allergènes présents dans les produits préemballés sont signalés de la même façon que la liste des ingrédients classiques.
À partir du 13 décembre, ces allergènes devront être présentés de façon distincte. Ils devront apparaître par exemple sur un fond de couleur pour attirer plus l’attention.
Mais il est fort probable que l’industrie se contente de les mentionner en gras. Elles en auront le droit puisque le règlement ne donne pas de modalités concrètes.
Il faudra la source précise

Jusqu’à présent, l’origine de l’huile n’était pas obligatoire. Même si beaucoup de fabricants ont déjà anticipé cette obligation, il est possible de se contenter de la mention «huile végétale».
À partir du 13 décembre, l’origine des huiles devra être plus précise dans la liste des ingrédients. Ce sera donc aussi le cas de l’huile de palme, décriée pour ses effets sur la santé.
Cette obligation sera aussi valable pour toutes les graisses d’origine végétale.
Poulets et cochons aussi

Jusqu’à présent, la mention d’origine était obligatoire pour le bœuf. C’est le cas depuis l’épisode de la vache folle. À partir du 1er avril 2015, cette obligation s’appliquera aussi pour les viandes fraîches, réfrigérées ou congelées de porcs, de moutons, de chèvres et de volailles.
Cette mention ne sera pas d’application lorsque ces viandes sont des ingrédients d’un produit transformé. Comme dans une lasagne. Étendre cette obligation aux lapins, gibier ou chevaux est en réflexion.
Déclaration nutritionnelle

La déclaration nutritionnelle (soit la valeur énergétique et les teneurs en graisses, acides gras saturés, hydrates de carbones, sucres, protéines et sel) est obligatoire en cas d’allégations de santé (Bon pour les os, la digestion…)
Le 13 décembre 2016, cette obligation s’étendra à l’ensemble des produits préemballés. Le terme «sodium » a été jugé inadéquat car pouvant semer la confusion. Les étiquettes devront donc utiliser la mention «sel ».
Histoire de ne plus payer l'eau

On les appelle les produits «glazurés », c’est-à-dire les produits congelés et enrobés d’eau. La quantité nette ne pourra plus comprendre le poids de la glace.
Dans le même ordre d’idée, il ne sera plus permis de mettre sur une étiquette une mention susceptible d’induire le consommateur en erreur. Par exemple, il n’est plus question d’annoncer une pizza au fromage alors que ce dernier est remplacé par une protéine de substitution.
Même sur internet, il faudra une étiquette complète
Une course contre la montre s’est engagée depuis quelques mois: la législation européenne s’applique aussi pour les denrées alimentaires vendues par internet.
En clair, l’acheteur doit pouvoir disposer sur le site du distributeur des mêmes informations que s’il achetait le même produit dans un magasin physique. Une fameuse gageure car jusqu’à présent, les sites «online » étaient plutôt indigents sur cette question. SG1, une société de solutions informatiques déjà opératrice dans le secteur, a lancé sa «trust-box».
«La situation aurait été impossible si tout le monde travaillait dans son coin. Ici, les fabricants introduisent les informations qui doivent être mentionnées sur l'étiquette virtuelle et les distributeurs n'ont plus qu'à aller pêcher ce dont ils ont besoin. C'est un travail d'encodage titanesque» , explique Jan Somers, patron de SG1.
Voici deux semaines, 22 000 produits avaient déjà été validés dans la trust-box. À terme, il devra y en avoir plus du double. De leur côté, tous les distributeurs turbinent pour que leur site internet puisse répondre aux exigences légales. Seront-ils tous prêts à temps? Réponse le 13 décembre.