« Le Selor, c’est l’abattoir pour les candidats »
Les examens du Selor ne sont pas adaptés aux fonctions recherchées, dénonce un coach. Les inspecteurs de l’enseignement confirment.
Publié le 02-10-2013 à 06h00
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Laurent Dubois prépare les candidats qui comptent présenter un examen au Selor. Sa société carolo, Logico-Divergence, est même l’une des seules spécialisées dans la préparation spécifique à l’épreuve du Selor redoutée et éliminatoire du raisonnement abstrait, numérique, spatial, technique et du jugement situationnel. Au total, il a répertorié 36 tests exemples du Selor qui lui, sur son site internet n’en propose que 6. Ce qui est bien inférieur, par exemple, à ce que l’Union européenne propose à ses candidats lors des concours.
Autant dire que Laurent connaît donc parfaitement les méthodes de l’unique organisme recruteur de la fonction publique.
Et il n’est pas tendre avec lui.
«Lors de l'épreuve générique du Selor en raisonnement abstrait, 80% des candidats échouent» déplore le coach en logique. «Normal, il est virtuellement impossible de s'entraîner».
Mais surtout: il dénonce le peu de pertinence des tests éliminatoires.
«Les épreuves qui sont proposées n’ont strictement rien à voir avec les fonctions recherchées dans la fonction publique. Je suis régulièrement confronté à des personnes qui se plaignent à cet égard.»
Et Laurent de citer cet exemple d’un pompier reconnu dans son métier et qui, pour être nommé dans une autre commune, a dû passer un test Selor… qu’il a loupé deux fois à cause du test générique.
«Il travaillait à Liège depuis de nombreuses années. Il a voulu être engagé à Bruxelles. Il s’est planté deux fois et a dû attendre 4 à 5 ans à chaque fois avant de se représenter. Avec ses tests d’abstraction, le Selor élimine de bons candidats. À l’inverse, des éléments moins performants sur le terrain, mais meilleurs en logique, passent. Ce n’est pas normal».
Et le coach de stigmatiser la toute-puissance du Selor qui, selon lui, «manque d'humanité» et «profite de son statut d'unique intermédiaire entre l'État et le salarié en négligeant la pertinence des tests».
Organisation aléatoire
Autre souci dénoncé par de nombreux candidats: l’organisation technique des examens.
«Certains candidats expliquent avoir été recontactés par le Selor après l’examen en leur précisant qu’on leur avait enlevé 15 à 20% de leurs points. Motif: le Selor s’était rendu compte que les questions étaient identiques pour la session du matin et celle de l’après-midi. Et qu’il y avait donc un risque que les réponses aient circulé».
Le genre de décision qui risque évidemment de mettre à mal les résultats de certains qui ont pourtant réussi. Et, une fois de plus, de causer des dégâts humains parfois énormes.