L’autisme n’empêche pas Thibault d’étudier

L’enseignement supérieur intègre de plus en plus les étudiants handicapés. Et pour Thibault, c’est enfin fini de vivre l’école comme une galère.

L’autisme n’empêche pas Thibault d’étudier
The Summer University ©REPORTERS

Thibault vient de commencer ses études supérieures, en première année en informatique de gestion à l’IESN de Namur. Un étudiant parmi les autres, mais pas un étudiant comme les autres. Car il est atteint du syndrome d’Asperger. Cette maladie est une forme d’autisme. On appelle parfois ses malades autistes intelligents ou autistes géniaux.

Asperger, difficile à identifier

Le diagnostic de Thibault n'est établi que quand il a 9 ans, même si plus tôt, il est un enfant atypique : «Quand il était bébé, il était très sage, ne pleurait pas. À trois ans, il comptait jusque 100, écrivait son prénom et récitait l'alphabet.» L'entrée à l'école maternelle pose problème : «Dès qu'un enfant le touchait, c'était la crise. Un jour, son institutrice l'a puni, alors il se balançait en répétant "Je suis puni parce que je suis méchant". »

Même si on connaît alors le problème de Thibault, ses années en secondaire sont chaotiques. Il change d'école plusieurs fois. Dans les quatre écoles, sa maman informe la direction du handicap de son fils, avec plus ou moins de succès. « À l'athénée, j'étais avec des prétentieux qui pensaient que ceux qui étaient dans le général étaient mieux que les autres», dans l'école suivante, le lendemain de la séance d'information, les élèves de sa classe disent «On s'est fait chier une heure parce qu'il y a un handicapé en classe». L'expérience dans la dernière école se passe mieux, malgré un début compliqué, parce que la direction décide de ne rien dire aux profs, qui convoquent la maman en demandant «Est-ce que Thibault a un problème?»

Attentifs à sa différence

Dans l'école supérieure, les professeurs demandent à rencontrer Thibault et sa maman, ainsi que des personnes du centre ressource autisme. Ils veulent se familiariser avec les réactions de Thibault et ses difficultés. «Les profs ne connaissaient pas le syndrome, mais quand on leur a expliqué, ils ont dit qu'ils avaient déjà eu des élèves qui ressemblaient à la description», explique la maman de Thibault. Les enseignants demandent comment ils peuvent adapter les examens (une première dans son parcours scolaire). On organise pour lui une visite des blocs très systématique de l'école, en lui donnant des points de repères pour ne pas paniquer. La coordinatrice lui donne également son mail et son gsm privé

Malgré les 1000 nouveaux élèves, la rentrée s'est bien passée « Je suis très fière de lui,» dit Carine, sa maman. Thibault a géré comme un chef ses trajets en train, malgré des pannes et des grèves, qui ont déjà compliqué son parcours. Certes, comme à son habitude, il exprime toujours son opinion de façon très franche et brute, quitte à se lever en classe pour s'écrier «Apple, c'est de la daube» dans un débat sur les systèmes informatiques. Mais il se sent bien à l'IESN, et envisage avec sérénité l'étape qui suivra. Celle de la vie professionnelle.

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