Rudy Demotte envisage un nationalisme «positif» face au nationalisme de repli
La déclaration de Rudy Demotte sur le nationalisme wallon «positif» opposé au nationalisme flamand de «rejet» fait réagir. Mais il s’agit seulement de donner aux Wallons l’envie d’être fier.
Publié le 21-08-2013 à 12h43
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Le discours de Rudy Demotte pour les présentations des fêtes de Wallonie consacrait un très court passage au nationalisme wallon d'ouverture face au nationalisme flamand «de repli». Parler si directement du «nationalisme wallon» a fait réagir. Rudy Demotte a d'ailleurs précisé, au micro de la RTBF, sa pensée (voir cadrée ci-dessous).
Mais il s’agissait seulement de donner aux Wallons la fierté dont ils manquent parfois. Rudy Demotte précise que «l’idée originelle des fêtes de Wallonie c’est l’émergence d’une identité nationale wallonne». Il souhaitait, en parlant du nationalisme positif des Wallons, mettre en évidence le sentiment d’appartenance et de fierté des Wallons.
On tique du côté francophone
L'allusion au nationalisme wallon en a fait tiquer plus d'un dans les rangs des partis francophones.
«Il n'existe pas de bon et de mauvais nationalisme; il n'y a que le nationalisme tel qu'on l'a connu dans l'entre-deux guerres et le désastre qui en a suivi. Il n'y a pas si longtemps, le roi Albert II rappelait les dangers du nationalisme et voilà que le ministre-président wallon le revendique», a fait remarquer le député fédéral Olivier Destrebecq (MR).
Le chef de groupe Ecolo au parlement wallon, Manu Disabato, s'est quant à lui attaché à distinguer la forme du fond dans le discours de M. Demotte. «La forme est un peu maladroite et véhicule des idées préconçues au départ d'un terme qui n'est pas approprié. Nous préférons parler de citoyenneté active pour mobiliser les gens autour d'un projet wallon, comme le fait le gouvernement autour du plan Marshall 2.vert».
Des déclarations «non seulement hasardeuses mais préjudiciables à la Wallonie elle-même», ont regretté pour leur part les FDF. «La Wallonie n'a rien à gagner de l'affirmation d'un nationalisme d'un autre temps», ont expliqué le président, Olivier Maingain, et la vice-présidente wallonne, Monique Félix.
Une maladresse
«Tempête dans un verre d'eau», a jugé le chef de groupe cdH, Maxime Prévot, assis à côté de M. Demotte lors de la conférence de presse.
«C'est tout au plus une maladresse. Le ministre-président est quelqu'un de pondéré et non quelqu'un qui utiliserait ce genre de terme pour faire de la provocation. Le mot a été utilisé dans une mise en perspective historique. Son usage est un peu malheureux car il véhicule beaucoup de connotations négatives, particulièrement dans notre pays».
La N-VA applaudit
En Flandre, un nationaliste flamand, et non des moindres, a réagi: Geert Bourgeois, l'un des fondateurs de la N-VA. Le ministre des Affaires intérieures du gouvernement flamand a accueilli positivement les déclarations du ministre-président wallon.
«Rudy Demotte pour un nationalisme wallon ouvert. Les Wallons, un peuple uni: merveilleux, tout comme la N-VA pour un nationalisme inclusif et ouvert», a-t-il déclaré sur Twitter.
Au cabinet du ministre-président, on s'étonne des réactions et de l'ampleur de «l'affaire». Cela fait d'ailleurs des années que Rudy Demotte essaye de porter cette idée, même si la formule, plus maladroite, a pu changer. En 2010 déjà, la Wallonie et ses habitants étaient mis à l'avant-plan, espérant éveiller l'identité wallonne.
L'interview de Rudy Demotte à la RTBF
La différence entre le nationalisme wallon et flamand «c'est cet aspect de rejet de l'autre. On se définit parce qu'on est meilleure que l'autre. Le flamand vaudrait plus parce qu'il est plus travailleur, plus entreprenant, etc. je ne pense pas. Le Wallon, le Flamand, le Bruxellois ont des qualités intrinsèques que je cherche à mettre en évidence et à donner aux Wallons la confiance dont ils manquent parfois. Le nationalisme flamand est aujourd'hui devenu une espèce de venin pour la Belgique. À l'inverse, je pense que la fierté wallonne est un des éléments de consolidation de la Belgique. Parce que le nationalisme wallon n'est pas en opposition avec l'idée européenne ou celle de la référence à l'état de la Belgique dans laquelle nous vivons. C'est une pièce qui consolide l'ensemble.