Philippe et Mathilde, un premier bain de foule envoûtant

Il est 19h et le prix de la bouteille d’eau dépasse le cours de l’or au centre de la capitale. Les files s’allongent devant les bars. Dans les bassins d’un vert douteux, certains osent faire trempette, plongeant à la suite de ces deux bergers allemands qui, les premiers, optent pour ce remède ultime à la chaleur.

Le tout frais roi Philippe et la reine Mathilde aussi choisissent ce début de soirée pour prendre un bain. Leur premier bain de foule dans leur nouvelle carrière. Comme princes, ils avaient l’habitude de ces sorties au pas, passant d’un côté à l’autre d’un corridor de barrières garnies de drapeau tricolores d’où dépassent des mains, des dessins d’enfants et des bouquets de fleurs. Mais cette cohue, cette euphorie, ce concert de hourras innombrables, c’est inédit.

Derrière des barrières installées à la hâte par des policiers un peu dépassés, on se presse sur trois ou quatre rangs. Les tables et les bars sont transformés en tribunes. On se juche. On joue des coudes. On transpire. Mais quand le couple royal apparaît, la clameur devient digne du stade Roi Baudouin. On ne se souvient pas d’une telle ferveur à Bruxelles depuis le tapis rouge déroulé pour Spielberg, venu présenter son Tintin. C’est à une véritable joyeuse entrée que Philippe et Mathilde sont invités dans le Parc royal. «Leur» parc.

Chicons

Dans leur tenue «civile» plus adaptée à cette sortie «informelle» que le sabre et l’écharpe violette, les souverains rayonnent. Ils serrent les mains, sourient, et reviennent sans cesse l’un vers l’autre, comme n’en croyant pas leurs yeux. Dans une reproduction du marché agricole de Houtem, reconnu par l’UNESCO, on parle fromage, on passe en revue les bêtes de concours et on reçoit une caissette de chicons. C’est un moment étonnant. Le premier qui échappe au protocole ce 21 Juillet.

Depuis les pelouses du parc, le roi et la reine renvoient l’image d’un couple extrêmement complice. Ce premier bain de foule risque bien d’agir sur eux comme un catalyseur pour leur début de règne. Après un «huit» entre les arbres, les jeunes souverains regagnent le palais. Et le calme, sans doute salvateur.

Dans leur sillage, le parc ressemble à un champ de betteraves après la récolte. On rengaine les appareils photos numériques et s’offre le plat national, une petite frite mayo, avant le feu d’artifice. Ceux qui n’ont pu immortaliser Mathilde dans sa robe fuchsia se rabattront sur les portraits officiels ornant les boîtes à biscuits métalliques du fournisseur officiel de la cour, qui expose sous une tonnelle. D’autres enrichiront vite la collection. Car un nouveau règne commence.