Vélo : imposer le casque ? « Surtout pas »
Le port du casque permettrait d’éviter 431 blessés graves par an. Or, les associations de cyclistes et le gouvernement sont loin de vouloir l’imposer.
Publié le 13-07-2013 à 06h00
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Peut-être profiterez-vous du beau temps ce week-end pour sortir les vélos et aller vous promener ?
Mais porterez-vous le casque ? Si la législation belge ne l’impose pas, une récente étude internationale pourrait bien vous faire changer d’avis.
Ainsi, selon une enquête de l’institut de sécurité routière hollandaise, le nombre de blessés graves lors des accidents de vélo diminuerait de 42% si tous les cyclistes portaient un casque.
Ce qui représente chez nous, selon Touring, 431 blessés graves évités chaque année.
8 849 blessés à vélo
Or, d’après l’organisation belge, le nombre de victimes de la route ne diminue pas chez les cyclistes.
«En 2010, nous avons compté un total de 7 809 accidents corporels chez les cyclistes. En 2011, il y en avait 8 849 », précise Touring.
Si le non port du casque peut sans doute expliquer une partie de cette augmentation, Touring relativise. «Il y a de plus en plus de cyclistes. Ce qui augmente les conflits entre usagers de la route. Aujourd'hui, vélos, piétons, voitures… doivent se partager un espace toujours plus petit », explique Danny Smagghe, porte-parole.
D’après l’Institut belge pour la sécurité routière (IBSR), le nombre de cyclistes grièvement blessés a lui augmenté de 18%, passant de 867 en 2010 à 1 027 en 2011.
Imposer le casque ?
De quoi alerter le gouvernement et rendre le port du casque obligatoire ?
Pas si sûr. Au cabinet de Melchior Wathelet, secrétaire d'État en charge de la mobilité, on voit plutôt cette obligation d'un mauvais œil. «Ce serait même contre productif », ajoute l'IBSR.
En effet, nos deux interlocuteurs, comme bon nombre d’associations de cyclistes en Belgique, estiment qu’imposer le port du casque dissuaderait les gens à rouler en vélo.
Et d’avancer comme preuve que l’Australie et la Nouvelle-Zélande, qui ont rendu le casque obligatoire, ont vu leur nombre de cyclistes diminuer drastiquement.
«Ce serait la pire des choses qu'il puisse arriver, s'exclame Eric Nicolas du Gracq, association belge de cyclistes. On ne parle que trop peu des bienfaits de la pratique du vélo sur la santé, et dissuader les gens d'en faire poserait un vrai problème de santé publique. »
D'autant plus que, toujours selon le Gracq, les bienfaits du deux roues sur la santé fait épargner 1 000euros par an et par cycliste à la sécurité sociale. « On constate aussi que dans les villes où le nombre de cyclistes augmente, le risque d'accidents à vélo diminue. C'est ce qu'on appelle la sécurité par le nombre. »
Une question d’équilibre
Mais tous sont unanimes. S’il ne faut pas imposer le casque, ce dernier reste un moyen sûr d’éviter de graves traumatismes crâniens.
Melchior Wathelet table sur la sensibilisation chez les enfants plutôt que l'imposition pure et simple. «Le port du casque relève plus d'un choix personnel que d'une contrainte. Il est essentiel de conscientiser les enfants. Certaines écoles, d'ailleurs, imposent d'elles-mêmes le casque lors d'excursion scolaire. »
Dans la même optique, le Gracq conseille le casque pour les -10 ans, dont l’équilibre n’est pas encore tout à fait développé. Mais aussi pour les personnes âgées qui perdent le sens de l’équilibre.
Aujourd’hui, en Europe, quatorze pays obligent le port du casque dont six uniquement pour les enfants.