Les chasseurs dans la ligne de mire ?
L’arrêté wallon interdisant partiellement le nourrissage du gibier ne passe pas,ni chez les chasseurs, ni au MR.
- Publié le 05-02-2013 à 07h00
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Parmi les 75 députés du Parlement wallon, Gilles Mouyard est le seul chasseur. Passionné? Attentif, à tout le moins. «Et justement, j'ai l'impression qu'une campagne de dénigrement est en cours contre les chasseurs. On veut noircir leur image », avance le député MR.
Une campagne qui intervient, dit-il, « juste au moment où j'ai finalement obtenu des auditions à ce sujet en commission du Parlement ». Et aussi au moment où un recours est introduit au Conseil d'État contre l'arrêté du gouvernement wallon sur l'interdiction du nourrissage (nos éditions du 13janvier).
Quelle campagne? Gilles Mouyard a sous les yeux un article paru il y a quelques jours dans un magazine. On y dépeint l'horreur que constituent certaines chasses «business». Avec grosses bagnoles, grosses beuveries et grosse boucherie. «Une caricature! On n'avait plus vu ça depuis longtemps. À croire que tous les chasseurs défilent en Porsche Cayenne ou en Range Rover. Moi, je chasse depuis 24 ans et je n'ai jamais vu ça… »
Ceci dit, un article ne fait pas une campagne de dénigrement. Et le député wallon ne prétend pas que ces affligeantes battues mondaines n'existent pas. «Mais c'est le fait de deux ou trois organisateurs bien identifiés. Ils sont connus de tous. Par contre, on peut se demander pourquoi ils ne sont pas sanctionnés, puisqu'ils commettent des infractions et qu'on sait qui ils sont», glisse-t-il.
C'est cette image de la chasse qui, selon lui, pèse sur l'opinion. Et qui, au passage, semble largement confirmer le bien-fondé des mesures d'interdiction du nourrissage prises récemment. Qui y aurait intérêt? «Le milieu environnementaliste. Ils sont bien organisés », soutient le député.
« En octobre, les cultivateurs vont hurler »
Pour rappel, le ministre wallon de la Ruralité Carlo Di Antonio a adopté un plan stratégique pour lutter contre la surpopulation des sangliers. Il a ainsi prolongé la chasse au grand gibier en janvier (week-ends exclus) et fixé de nouvelles conditions de nourrissage du gibier (interdiction au nord du Sillon Sambre et Meuse et, d’ici 2015, interdiction d’octobre à avril au sud du sillon).
Selon le député de l'opposition, le ministre a une vision très restrictive du monde de la chasse. «Et d'ailleurs, il s'assied sur l'avis du Conseil supérieur wallon de la chasse. Les cultivateurs vont hurler: en octobre, c'est le moment où le maïs est le plus appétissant dans les champs. Et ce n'est pas avec des céréales et des pois qu'on retiendra les sangliers en forêt. Il va y avoir des dégâts. Qui va payer?» interroge le député.
Inverser le processus
Il a une proposition: «Si on veut réduire les populations de sangliers, qu'on ouvre d'abord la chasse au sanglier toute l'année. Avec bien sûr des aménagements pendant les congés scolaires, par exemple. Parce que l'extension en janvier, sans les week-ends, ça ne sert à rien», expédie Gilles Mouyard.
« Il faut d'abord donner aux chasseurs les moyens d'atteindre les objectifsfixés par le ministre (un tiers des populations en moins d'ici 3 ans, NDLR). Et, ensuite, on pourra revoir les conditions de nourrissage. C'est dans ce sens-là qu'il faut agir », insiste-t-il.