C’est que je connais le droit
Son arme fatale, c’est le droit. Il le maîtrise mieux que quiconque et dégaine à tout va. Si une petite poussière juridique se glisse dans les recoins d’une décision, c’est lui qui la repère. Souvent après l’avoir traquée avec gourmandise. Voici donc le «citoyen procédurier».
Publié le 14-09-2012 à 07h00
Son obsession pour le juridisme est constante. Il n’est pas loin de penser que tout peut être querellé. À condition bien sûr d’y consacrer le temps nécessaire. Et il a le temps.
Son ennemi préféré, c’est bien sûr le politique. Oscillant entre condescendance et férocité, il le surveille avec des airs de berger malinois.
Parce qu’il ne fait pas de politique, c’est donc sur le terrain des failles de procédure qu’il chasse. Une enquête insuffisamment annoncée, un permis délivré trop rapidement, un avis qui n’est pas rendu dans les formes, tout fait farine à son moulin.
Il a déjà un air triomphal lorsqu’il gravit les marches de son administration. Et c’est avec un sourire presque carnassier qu’il assiste aux conseils communaux, muni d’un petit carnet où il note certaines choses avec un air entendu. Parce qu’il sait que le public n’a pas droit de parole, ce sont ses yeux qui s’expriment. Regard tantôt consterné, tantôt railleur, il observe tout méticuleusement.
C’est un solitaire. Une sorte de chasseur de primes des temps moderne, rongé par la suspicion. Ce ne sont pas ses droits qu’il défend mais le droit. Quand il attaque, ce n’est pas au nom d’un quelconque intérêt collectif dont il ne se sent pas dépositaire. Non, sa passion, c’est de braver l’autorité. Seul contre tous. Une sorte de Robin des bois, le cynisme en plus. La noblesse en moins.