Le lait à nouveau en crise
Maîtriser la production de lait, aider l’agriculteur à s’adapter et privilégier le produit local. Isabelle Durant, écolo, se bat en ce sens à l’Europe.
Publié le 04-07-2012 à 07h00
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Isabelle Durant, vous êtes députée européenne écolo, chef de file des verts. Le lait est à nouveau en crise.
On se retrouve exactement dans la même situation qu’il y a deux ans. Il y a une surproduction de lait en Europe. La régulation décidée alors n’est pas suffisante. C’est trop vague. On doit pouvoir diminuer l’offre en fonction de la demande.
Vous prônez le retour des quotas ?
Le mot quota est devenu un gros mot. Peu importe le mot, dès lors. Mais il s’agit bien de cela, d’un système qui fixe des quantités. Et qui tient aussi compte de la question du prix. Il faut donc aussi accompagner ceux qui doivent produire moins en les aidant à diversifier leur production ou à produire du lait bio, par exemple. Si on n’agit pas à la source, on jette en bout de chaîne. Alors, oui, on peut faire du lait en poudre ou distribuer du lait dans les écoles quasi gratuitement. Mais on reste dans une logique de surproduction qui n’est pas tenable.
Les députés européens sont loin de tous partager votre avis.
Il y a des divisions. Il y en a qui croient encore qu’il faut laisser jouer les règles du marché à l’échelle mondiale. Les débats que nous avons eus à Strasbourg ce mardi soir n’ont abouti sur aucune décision. Tout se jouera entre septembre et décembre au moment où la PAC (politique agricole commune) doit être décidée.
Et les budgets risquent de coincer.
La question budgétaire sera cruciale. Les budgets agricoles ne sont plus nationaux ou régionaux. C’est l’Europe qui subsidie. 40% du budget de l’Europe est consacré à l’agriculture. Certains disent maintenant qu’il faut moins de subsides à cause de la crise. D’autres sont plus régulateurs, dans une logique de souveraineté alimentaire.
Le lait n’est plus question régionale ou fédérale. Mais c’est même une problématique mondiale.
Oui. Or le lait est un produit frais, de chez nous, soumis à des règles de sécurité alimentaire qui n’existent pas forcément ailleurs. On ne peut pas permettre que le lait wallon soit en concurrence avec le lait chinois. Il faut se bagarrer avec l’OMC (organisation mondiale du commerce) si on veut relocaliser notre production fraîche à l’échelle européenne. Nous devons nous protéger des produits venus d’ailleurs.
On connaît l’exemple classique des crevettes d’Ostende épluchées au Maroc pour revenir chez nous…
Ou des oignons de Tasmanie. Ou des haricots venus du Kenya. Le système est complètement fou. Ce sont des produits qu’on cultive très bien chez nous. Et ça ne nourrit même pas les agriculteurs kenyans. Ca les appauvrit. L’autre versant, c’est le nombre de déchets alimentaires énorme que nous avons. Dans nos supermarchés et dans nos frigos. Le gaspillage alimentaire est énorme. C’est la conséquence d’une agriculture qui surproduit. Le lait n’échappe pas à la règle. ¦