« Le pays entier est flamandisé ! »

C’est pire qu’une volonté. C’est devenu une démarche naturelle pour eux. Mais c’est aussi la faute aux francophones. Tous les représentants politiques étaient flamands. Pas de francophones mis à part la ministre Sabine Laruelle, et je la salue, et le député Antony Dufrasne (PS).

Mais les représentants flamands très nombreux…

Il y avait des parlementaires régionaux flamands sur place, des élus fédéraux CD & V ou Vlaams Belang. Aucun wallon. Or c’est dans un Salon comme le Bourget que les contrats se font. Pour l’emploi en Wallonie, c’est indispensable d’y être. Les Flamands roulent pour eux ? Ok. Prenons acte. À nous de compenser.

Le Salon du Bourget n’est pas un cas isolé ou un dérapage ?

Oh non ! Il faut sortir du rêve. Quand un ministre fédéral flamand est en déplacement, il affiche autant son identité flamande que ses fonctions fédérales. C’est la réalité. On le constate tous les jours sur le terrain et particulièrement en déplacement. Seuls le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères et celui de la Défense (encore que…) font exception.

C’est grave ce que vous dites…

Il faut sortir de notre naïveté. On doit bien entendu rester loyal face à la vision fédérale. Mais les Wallons doivent être d’avantage présents. Le Salon du Bourget, c’est l’aéronautique, les armes. Et, nous francophones, on snobe ? En Wallonie, on a encore une approche un peu honteuse de ces secteurs qui brassent pourtant énormément d’argent. Mais ne vous inquiétez pas, les Flamands, eux, n’ont pas d’états d’âme. Ils aident leurs entreprises. Point barre.

Vous avez dénoncé la flamandisation de l’armée, il y a quelques mois. C’est du même ordre ici ?

La flamandisation de l’armée n’est qu’une étape. On doit oser faire le constat de la réalité. Le pays est flamandisé tout entier. Je travaille depuis plusieurs mois sur ce problème. Je reçois une masse d’informations là-dessus. C’est édifiant.

L’ensemble des SPF (services publics fédéraux) subissent la flamandisation. Regardez aussi les investissements faits à la SNCB, tout a filé vers la Flandre ou presque. Mais la logique de flamandisation va plus loin et touche aussi le secteur privé ou parapublic, comme chez Belgacom. ¦ C.Ern.