Cette Flandre qui s’accapare le fédéral
L’affaire du Bourget est une anecdote qui en dit long. Une délégation fédérale visite sept entreprises flamandes et une wallonne. Or, 70 % de l’activité aéronautique est wallonne.
Publié le 24-06-2011 à 05h00
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L'affaire du Bourget a éclaté mercredi. Elle aurait été une anecdote si elle ne se déroulait dans un contexte de crise interminable pour le pays. Elle frappe les esprits. «Il n'y a plus de loyauté fédérale. On le constate désormais tous les jours. C'est infernal. Mais d'habitude on se tait», confie une source qui souhaite rester anonyme. Car le propos est politiquement incorrect.
Voici ce qui s’est passé mercredi. Une délégation de parlementaires, le ministre de la Défense (CD & V) et le secrétaire d’État aux Transports (CD & V) sont arrivés près de Paris en avion gouvernemental.
Ils ont ensuite snobé les entreprises du sud du pays, sauf une. La délégation a par contre rendu visite à sept entreprises flamandes. Or il y avait précisément 57 entreprises belges: 39 Wallonnes, 15 Flamandes et 2 Bruxelloises. L’aéronautique est un bien plus développé en Wallonie qu’en Flandre.
Philippe Suinen remet les pendules à l’heure
La délégation belge avait donc fait sa petite liste d’entreprises flamandes à saluer. C’est bien normal quand on est au Salon parisien de l’aéronautique. Qu’on travaille au niveau fédéral. Et que la majorité des entreprises performantes dans le domaine ne sont pas flamandes mais wallonnes. Bien normal ?
Philippe Suinen, le directeur de l'Awex (l'Agence wallonne à l'Exportation et aux investissements étrangers) n'en a pas jugé ainsi. Il dénonce les faits de cette manière: «Le gouvernement fédéral ou un de ses membres ne s'est adressé qu'au FIT, donc à nos homologues flamands, pour organiser la visite. C'est ainsi qu'ils sont parvenus à avoir un parcours pour les parlementaires fédéraux qui inclut sept entreprises flamandes contre une entreprise wallonne.»
Confusion et tiraillements. La seule ministre francophone (on lira son témoignage) a fait bande à part. Et les représentants politiques francophones étaient globalement bien moins nombreux.
«Je tenais simplement à remettre les pendules à l’heure, poursuit Philippe Suinen. Ce n’est pas plus méchant que ça. Mais il y a une volonté flamande de s’accaparer l’État fédéral. Je ne fais pas de grandes déclarations. Ce n’est pas mon rôle. Je suis haut-fonctionnaire. Je relève des faits. Et puis, nous sommes dans un contexte où il faut résister quand il y a des situations déséquilibrées.»
Le directeur de l'Awex conclura avec un sourire «Disons que c'était une distraction. Et qu'à l'avenir il n'y aura plus jamais ce genre de distraction.» Ah bon ? «Oui, avoue-t-il, c'est une manière diplomatique de résumer les choses.»¦