30 % de notre facture d'eau file dans les W-C
Vendredi, c'est la journée mondiale des toilettes. L'occasion de se pencher sur un problème bien trivial s'il n'était un gros souci environnemental.
- Publié le 17-11-2010 à 06h00
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«Par an et par personne, 15 000 litres d'eau potable juste pour jeter nos crottes!», s'exclame Aline Wauters, animatrice à la Maison du développement durable, à Louvain-la-Neuve. Nous déposons une demi-tonne de matière organique chaque année au fond d'une cuvette. Et 30 % de notre consommation individuelle en eau file dans nos WC. Pour les écologistes, le WC est un bel exemple d'irresponsabilité vis-à-vis des générations futures.
La parade? Les toilettes sèches. Réservées jusqu'il y a peu à un public ultra-confidentiel, elles commencent à percer. «On enregistre un véritable boom des toilettes sèches grâce aux festivals de musique », s'enthousiasme Aline Wauters. Les fameuses «Cathy cabines» passent peu à peu à la version sèche.
«Leurs cabines chimiques sentaient très mauvais. Les versions sèches sentaient la litière fraîche et les gens ont montré leur préférence, commente Aline Wauters. C'est pourtant une sacrée gestion de la merde sur les festivals. Mais c'est la meilleure façon pour que les gens fassent le premier pas et franchissent la barrière psychologique.» Car la barrière psychologique est énorme. Mesure d'hygiène et de salubrité, la chasse d'eau représente, comme l'égout et la poubelle, une véritable amélioration dans la vie quotidienne de nos ancêtres. Au sortir de la Seconde Guerre, la révolution hygiénique s'est mise en route.
Peu à peu, la toilette en porcelaine blanche s'est imposée. On a relié les habitations à l'égout. On a créé des stations d'épuration pour traiter les eaux chargées de nitrates et nitrites rejetées par nos excréments. Avant, on se débrouillait avec des latrines. Un trou ou un seau que l'on vidait sur une fosse septique refermée ou vidée quand elle était pleine.
Les toilettes sèches peuvent représenter à ce titre un retour en arrière. Aline Wauters s'en défend. «Moi j'ai une toilette sèche à la maison. Ça ne sent pas. C'est très propre.» Les toilettes sèches fonctionnent généralement avec des copeaux de bois que l'on répand dans la cuvette après s'être soulagé. Lorsque la cuve est remplie, il faut aller la vider dans un endroit réservé au compostage dans son jardin. Une opération à renouveler environ tous les trois ou quatre jours pour un ménage de cinq personnes. C'est la grosse contrainte. Mais rien de pire, disent ses défenseurs, que lorsqu'il faut vider la litière d'un animal de compagnie.
Aline Wauters a une toilette sèche chez elle depuis toujours ou presque. Elle habite un quartier unique en Belgique, l'éco-quartier de La Baraque, à Louvain-la-Neuve. Là, 240 personnes vivent depuis toujours sans être raccordées aux égouts. Tous pratiquent donc la toilette sèche.
La toilette sèche n'est pas une installation de fortune. Elle représente un mode vie global. Elle ne fait pas qu'économiser l'eau. Elle permet de réutiliser les excréments. Les utilisateurs affirment que c'est le meilleur compost du monde. Pour faire un compost parfait pour le potager, il faut deux ans. Mais au bout d'un an, on peut déjà l'utiliser dans son jardin.
«On traite aujourd'hui ce qui sort de notre corps comme un déchet. Or qu'est-ce que c'est? Ce sont les restes de notre pomme, de notre tartine, c'est le cycle de la vie. Les enfants adorent le principe de la toilette sèche, leur caca permet aux fleurs de pousser. C'est merveilleux pour eux», explique Aline Wauters qui fait des animations dans les écoles. «C'est très facile de tirer la chasse mais ça fait de nous un pollueur sur patte», conclut Aline Wauters.
«Un petit coin pour soulager la planète» Exposition du 15 au 26 novembre 2010, place de l'Hocaille, à Louvain-la-Neuve Les Amis de la Terre 081/40 14 78 Conception et vente de toilettes sèches : Floreco à Jodoigne (0478/768867) ou Woodloo à Louvain-la-Neuve (0474/829093).