Herman De Croo: "Que la Belgique crève?"
NOTRE INTERVIEW VIDEO & DIAPORAMA | "Que la Belgique crève? Questions aux séparatistes": en 36 pages Herman De Croo fustigent les séparatistes et démontent leurs arguments chiffres à l’appui.
- Publié le 17-11-2008 à 13h09
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La séparation du pays, une bonne affaire pour la Flandre? Loin s’en faut. Dans un petit livre intitulé «Que la Belgique crève?» (en référence au slogan séparatiste), l’ancien président de la Chambre Herman De Croo argumente en 9 points un plaidoyer anti-séparatiste. Pour lui, contrairement à ce qu’avancent les séparatistes, la Flandre aurait tout à perdre dans une explosion du pays.
1. Par ici la monnaie? En sortant leur fameux «Warande», les économistes flamands fantasmaient sur une Flandre indépendante et dénonçaient l'inaptitude de la Belgique à rencontrer les vrais défis socio-économiques du 21e siècle. En clair le séparatisme était la seule planche de salut pour la prospérité économique de la Flandre. C'est précisément cela que critique De Croo. «Il ne faut pas être sentimentalement attaché au charme belge pour se rendre compte que l'indépendance de la Flandre représenterait un risque financier énorme. […]Ceux qui exigent que la Flandre se fasse rembourser doivent attendre à recevoir la monnaie de leur pièce.»
2.Rêve et action. Les nationalistes ne s'attardent que très peu sur la faisabilité d'une séparation. leurs bases théoriques et pratiques sont très faibles. Les implications, tant pour le Nord que pour le sud, seraient incalculables.
3. Un coût phénoménal. La séparation du pays coûterait un pont, y compris au niveau institutionnel. Une série d'institutions comme le Conseil d'État ou la Chambre disparaîtraient, ce qui constituerait un grave problème dans le cadre d'une démocratie moderne. Corollairement, les nouveaux pays issus des régions devraient se doter de nouvelles institutions dont la mise en place coûterait une somme astronomique au citoyen. Les nouveaux pays devraient refaire la file pour réintégrer des institutions internationales. Là encore, le prix serait considérable. Et puis évidemment, il y aurait le problème européen: jamais l'UE n'acceptera que sa capitale se situe dans un pays sur le point d'exploser.
4.Bruxelles, boîte vide? Une très grande majorité des travailleurs qui bossent à Bruxelles (80%) proviennent d'une autre région. En cas de scission, ils deviendraient de travailleurs frontaliers. La Flandre perdrait alors des milliards en impôts puisque ce sont les règles européennes du travail qui prévaudraient. La perte pour Bruxelles est là évaluée à 500 millions d'Euros.
5. Bye-bye Europe. Si l'Europe déménage, bonjour les dégâts. Lobbyistes, consultants, journalistes internationaux, les 60.000 fonctionnaires s'en iront. La perte économique, au niveau du logement, de l'Horeca serait hallucinante, faisant de Bruxelles un vrai désert.
6. L'État saigné par les régions. Pour les séparatistes, l'État empêche les Régions de se développer économiquement. Mais dans les faits, ce sont actuellement les Régions qui vivent grandement au frais de l'État. En cas de séparation, les régions y perdraient, notamment parce qu'elles devraient assurer le coût du vieillissement de la population.
7.À qui la dette? Si on se sépare, la dette de l'État héritée de la fin du siècle dernier devra être répartie entre les régions.
8. Le mythe du confédéralisme. Les séparatistes feutrés veulent aller vers le confédéralisme. Soit une séparation avec le maintien d'accords bilatéraux. Dans les faits, aucun pays au monde, même la Suisse, n'a jamais réussi cela.
9. Non au statu quo. La réforme de l'État est impérative. Mais elle est souvent utilisée abusivement par les séparatistes qui prennent leurs rêves pour des réalités et lancent souvent des théories dénuées de tout fondement scientifique. Bref, l'Unité de la Flandre autour d'un peuple et d'une langue est une utopie.
+ «Que la Belgique crève?» par Herman de Croo aux éditions Racine et Lannoo
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