Un Belge sur quatre prend des psychotropes : comment réduire la consommation ?
3 millions de patients ont consommé des psychotropes en 2022. En 2023, le ministre de la Santé relance une nouvelle campagne de prévention. Explications.
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- Publié le 18-09-2023 à 15h18
- Mis à jour le 18-09-2023 à 15h19
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Antidépresseurs, benzodiazépines (calmants et somnifères), antipsychotiques et psychostimulants. C’est de cela que l’on parle quand on parle de psychotropes. La consommation de ces médicaments concernait un Belge sur quatre en 2022, "et la consommation des jeunes, mineurs, a augmenté de 77% entre 2017 et 2022" ajoute le ministre de la Santé Franck Vandenbroucke.
"Toutes les drogues sont dangereuses, mais certaines peuvent également être utiles" dit le Prof. Thierry Christiaens (médecin généraliste et président de BelPEP). Et en l’occurrence, avec les psychotropes, les effets secondaires sont bien connus: problèmes de concentration, de somnolence, mais aussi de dépendance forte. "Le but n’est pas de supprimer ou combattre les psychotropes, qui peuvent aussi être nécessaires dans certains cas, mais de conscientiser les professionnels de la santé " dit Franck Vandenbroucke.
Le psy dans la concertation
Le problème n’est pas neuf. Comment faire pour que cette campagne, qui va courir jusqu’au mois d’avril 2024, soit plus efficace que les cinq précédentes, répartie les 20 dernières années ?
"Malgré la sensibilisation, on a constaté l’augmentation de la consommation de benzodiazépine, reconnaît Sabine Stordeur directrice générale Soins de Santé du SPF Santé publique. Seule, l’information ne suffira pas à inverser la tendance. Là où la situation change cette fois, c’est que la campagne sur le risque n’est plus destinée aux seuls médecins et pharmaciens, elle intègre le psychologue."
Elle présente le psychologue comme le chemin vers un traitement alternatif à la méthode médicamenteuse.
Le psychologue clinicien, c’est ce nouvel acteur de terrain sur lequel le secteur santé a misé: "300 millions € de financements, dont la moitié va dans la première ligne psychologique, rappelle M. Vandenbroucke, et l’autre moitié dans le renforcement de la gestion de crise: hôpitaux psychiatriques et équipes mobiles."
Avec ce système de 1re ligne, il n’est plus vrai de dire qu’il y a trop peu de psychologues ou que le temps d’attente est trop long, selon le ministre. "Et nous avons renforcé la présence des psychologues sur le terrain, près des jeunes, dans les CPMS, près des médecins généralistes…"
Quelle consommation de médicaments ?
Un autre axe de travail de la campagne, c’est la transparence: "La transparence des prescriptions des généralistes, la transparence sur les médicaments consommés " explique Mme Stordeur.
Michael Storme, Vice-président de l’association pharmaceutique belge (APB) évoque certains comportements anormaux, comme des jeunes, qui ont recours aux amphétamines pour "booster" artificiellement leur concentration en période d’examen, et se font "redescendre" par d’autres traitements médicamenteux. La transparence pourrait mettre ces aberrations médicamenteuses en évidence.
Sabine Stordeur parle encore du problème du conditionnement des médicaments: de grosses boîtes, qui peuvent inciter à poursuivre un traitement dont on n’a plus besoin. "Le volume doit être adapté au schéma thérapeutique ", dit-elle. "La concertation avec les firmes médicales est déjà dans les mains de l’AFMPS (Agence fédérale des médicaments et des produits de santé),dit le ministre. On voudrait avoir une approche similaire pour les somnifères et autres psychotropes, que ce qui a été fait pour les antibiotiques. Changer les conditionnements pour les somnifères est compliqué selon les firmes… Ça va demander du temps."