Cécile Neven, nouvelle patronne de l’Union wallonne des entreprises : "Mon message aux politiques ? Ne partez pas trop vite en campagne !"
Nouvelle patronne de l’Union wallonne des entreprises, Cécile Neven est une femme de convictions. Avant les élections, elle entend bien rappeler aux politiques leurs engagements à l’égard des patrons.
- Publié le 15-09-2023 à 05h00
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Femme de dossiers et personnalité fédératrice, Cécile Neven a été nommée CEO de l’Union wallonne des entreprises (UWE) le 29 août dernier. Issue du sérail de l’organisation patronale, cette bioingénieure de formation succède à Olivier de Wasseige, écarté de la fonction au mois d’avril, et désormais dans les rangs du parti centriste Les Engagés. Ancienne directrice du pôle Partenariats de l’UWE, la Namuroise entend défendre les entrepreneurs et rappeler aux politiques leurs engagements avant les élections.
Cécile Neven, vous allez désormais porter la voix des entrepreneurs wallons. Comment percevez-vous ce nouvel engagement ?
Je suis évidemment très honorée de pouvoir représenter les entreprises. Cela fait 15 ans que je sillonne la Wallonie, et je vois à quel point le monde de l’entreprise est porteur de solutions et d’innovation. Ce sont des aspects que j’admire beaucoup, a fortiori dans le contexte actuel. Car, on ne va pas se le cacher, je prends mes fonctions dans une période qui n’est pas simple. Nous venons de passer une succession de crises : je pense au Covid, à l’énergie, au défi climatique, à la question des pénuries de main-d’œuvre également. Nous sommes confrontés à de nombreuses difficultés, mais la Wallonie doit prendre son destin en main. Ma conviction, c’est que c’est possible, et c’est ce qui constitue la base de mon engagement.
La particularité de votre parcours est que vous n’avez pas été cheffe d’entreprise. Un obstacle pour occuper ce poste ?
Je n’ai pas été cheffe d’entreprise, c’est un fait, une de mes caractéristiques. Je ne peux pas le nier. Cependant, je ne dirais pas que c’est un obstacle, car un parcours n’est pas l’autre. Dans un sens, quelqu’un qui a eu une carrière de chef d’entreprise n’a pas occupé d’autres fonctions non plus.
À peine arrivée à la tête de l’Union wallonne, vous souhaitez déjà adresser un message au gouvernement.
Le message que j’aimerais adresser au gouvernement wallon, c’est qu’il reste neuf mois avant les élections. Et de ces neuf mois, on ne peut pas perdre une journée ! À l’heure où les politiques sont déjà en campagne, avec une série de ballons d’essai, j’ai envie de rappeler à quel point les entrepreneurs attendent des réponses sur des questions et des enjeux précis.
Lesquels ?
En tête de liste, il y a bien entendu l’emploi. Je suis frappée de voir à quel point les entreprises pleurent pour recruter des talents. Bien sûr, cela fait longtemps que l’on parle de pénuries. Mais aujourd’hui, la situation est inédite! C’est le cas dans le secteur de la construction, alors que la nécessité de rénover le bâti est réelle. Je pense aussi aux chauffeurs de bus, pour le transport scolaire par exemple. La fédération des autocaristes recherche 1500 chauffeurs, sans succès. Ces pénuries sont dramatiques pour la Wallonie.
Quelles solutions préconisez-vous ?
Pour le moment, nous demandons au gouvernement qu’il accélère la mise en œuvre de la réforme de l’accompagnement adapté des demandeurs d’emploi. Celle-ci favorisera un meilleur matching entre les besoins de l’entreprise et ceux du demandeur d’emploi. C’est une réforme absolument nécessaire, qui a été votée, mais maintenant, il faut la mettre en œuvre! Elle peut déjà apporter beaucoup de bénéfices.
Avant de partir en campagne, les politiques doivent donc gérer l’urgence.
Oui. Et le deuxième grand enjeu pour nous concerne l’énergie. Les entrepreneurs qui font des efforts en matière d’énergie, de réduction des émissions de CO2, doivent absolument être soutenus. Là encore, une réforme est sur le feu et doit absolument aboutir avant la fin de l’année. Concrètement, l’idée est que les entreprises qui réalisent ces efforts puissent bénéficier de certaines exonérations sur leur facture. Les sociétés wallonnes sont un levier majeur sur ces questions, à travers les procédés et les produits qu’elles élaborent. Si le gouvernement les lâche sur ce dossier, ce sera un très mauvais signal !
De manière plus transversale, vous dénoncez aussi certaines lourdeurs administratives.
C’est notamment le cas pour la question des permis. Les entreprises se retrouvent face à des difficultés insurmontables en termes de délais. Or, une entreprise ne peut rien faire sans permis! J’ai parfois l’impression qu’en Wallonie, on est davantage dans une logique de notariat que d’entrepreneuriat... Ces difficultés, il faut les lever. Et quand on légifère, il s’agit de veiller à ce que les charges administratives soient minimales au regard du bénéfice attendu.
Ce que je dirais au gouvernement à ce stade, c’est que nous partageons le cap établi, en matière de hausse du taux d’emploi et d’objectifs climatiques notamment. Mais ce que j’ai envie de demander aux politiques est ceci : s’il vous plaît, aidez-nous à vous aider!