La France croit en un coup d’éclat au Niger
Emmanuel Macron n’entend pas lâcher le président Bazoum et presse la Cédéao d’agir. Mais la voie diplomatique semble bouchée.
- Publié le 29-08-2023 à 18h47
- Mis à jour le 30-08-2023 à 09h04
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Prise pour cible au Niger, où un coup d’État a éclaté le 26 juillet dernier, la France plie, mais ne part pas. C’est en tout cas l’intention du président Macron, ainsi qu’il l’a martelé lundi devant les ambassadeurs réunis à Paris. "Je pense que notre politique est la bonne. Elle repose sur le courage du président Bazoum, sur l’engagement de nos diplomates, de notre ambassadeur sur le terrain, qui restent légitimes, malgré les pressions et malgré toutes les déclarations d’autorités grâce à l’engagement de nos forces de sécurité intérieure et de nos militaires."
Ultimatums et irritations
Il faut dire qu’en effet, la pression exercée par la junte militaire emmenée par le général Tiani est forte : le président élu Mohamed Bazoum est toujours retenu avec sa famille dans le palais présidentiel et les putschistes ont expressément demandé le départ de l’ambassadeur, français ultimatum à la clé. Bilan des courses ? L’ultimatum est passé et l’ambassadeur est toujours sur place, conformément à la volonté du président français. Qui raille la léthargie occidentale incitant la France à quitter le bourbier nigérien. "Et de Washington, en passant par d’autres capitales européennes, j’ai entendu des voix, j’ai écouté des journaux, j’ai lu des tribunes qui nous expliquaient: ‘N’en faites pas trop, ça devient dangereux. Ça devient dangereux’. Non, on doit être clair, cohérent. Sinon, qui nous écoutera?"
Alors que 1500 militaires français, vestiges de la coopération antiterroriste entre le Niger et la France, sont sur place, le président français veut croit toujours en une solution diplomatique… voire militaire s’il le faut. " Notre politique est simple: on ne reconnaît pas les putschistes, on soutient un président qui n’a pas démissionné, aux côtés duquel nous restons engagés, et nous soutenons l’action diplomatique de la Cédéao (NDLR : communauté des États d’Afrique de l’ouest) et militaire quand elle le décidera [...].
Seul problème, la Cédéao a elle aussi posé un ultimatum aux putschistes, brandissant l’intervention militaire si le président Bazoum n’était pas libéré et l’ordre constitutionnel rétabli. Ultimatum passé lui aussi, resté sans réponse.
Purges intérieures
Pour la France, qui a aussi un intérêt économique au Niger avec la présence d’Orano (ex-Areva), exploitant principal de plusieurs mines bourrées d’uranium, pas question de plier bagage sans avoir tout tenté : "J’appelle tous les États de la région à avoir une politique responsable parce qu’il faut être clair: si la Cédéao abandonne le président Bazoum, je pense que tous les présidents de la région sont à peu près conscients du destin qu’il leur sera réservé", prédit le président Macron.
Pendant ce temps, la junte continue de purger à grandes eaux les anciens dirigeants du pays, avec, encore cette semaine, des limogeages dans les secteurs du transport, de l’énergie ou encore des commandes de marchés publics.