Rentrée scolaire et sécurité routière: les enfants ont des comportements à risque, "aux adultes de montrer l’exemple"
Qu’ils se rendent à l’école à pied, à vélo, en bus ou en voiture, les enfants courent des risques. Ceux-ci augmentent avec le passage en classes secondaires. Les adultes ont un rôle important pour donner l’exemple.
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- Publié le 28-08-2023 à 04h00
- Mis à jour le 28-08-2023 à 07h42
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Avec l’âge, les comportements à risque sur le chemin de l’école augmentent. "Lors du passage en secondaire, le changement est très perceptible", constate Benoît Gordart de l’Institut Vias, qui a interrogé un échantillon représentatif d’enfants entre 10 et 14 ans sur leurs déplacements.
À partir du secondaire, plus de la moitié des 12-14 ans se rendent seuls à l’école, ce qui n’est le cas que d’un enfant de 10-11 ans sur trois. Et lorsqu’ils sont accompagnés, ce n’est que rarement par un adulte (38% contre 63% avant 12 ans). C’est plus souvent en compagnie de copains ou copines qu’ils empruntent le chemin de l’école.
Ils le font plus souvent aussi en transports en commun à partir de 12 ans (26% contre 8% avant), même si la marche reste le mode principal des jeunes Wallons (37%) et Bruxellois. Alors qu’en Flandre, c’est plutôt le vélo qui est privilégié (28%), ils ne sont que 3% de jeunes Wallons à se rendre à l’école à bicyclette (10% à Bruxelles).
Le smartphone en cause
Mais que ce soit à pied, à vélo ou même en voiture, les comportements avoués dans l’étude ont de quoi inquiéter. Ainsi, plus d’un jeune piéton sur deux (52%), entre 12 et 14 ans, confesse avoir déjà traversé au rouge. Et les trois quarts disent avoir marché en écoutant de la musique, écouteurs sur les oreilles, ou traversé en dehors d’un passage piéton situé à proximité.
Les comportements à risques augmentent aussi parce qu’ "à partir de 12 ans, davantage d’enfants ont accès à un téléphone portable", souligne Benoît Godart. Et de fait, près de 85% des 12-14 ans déclarent marcher en rue en téléphonant, en lisant des messages ou en envoyant des SMS. Et plus de 40% affirment faire la même chose quand ils sont au guidon d’un vélo ! 78% des cyclistes déclarent avoir roulé sans casque, 65% sans équipement réfléchissant la nuit et 52% sans phare !
Gilkinet : "Montrons l’exemple"
Quand on interroge ces enfants sur la perception des risques, ils en sont pourtant conscients: 67% jugent en effet "risqué" de franchir un feu rouge ; 40% estiment dangereux d’envoyer des SMS quand on se déplace, même à pied. Ça ne les empêche pas de le faire, évidemment. À l’occasion du passage en secondaire, il est important pour les parents d’en parler avec eux.
"Ce qu’on peut identifier à travers l’étude sur les comportements à risque, c’est l’importance de l’exemple du comportement des adultes", analyse Vias. C’est aussi l’avis du ministre fédéral de la Mobilité, Georges Gilkinet. "Il faut prendre conscience qu’un enfant n’est pas infaillible, que c’est à nous, adultes, de renforcer les conditions de sa protection, de modifier nos comportements, de montrer l’exemple."
Ce rôle s’illustre notamment lors des trajets en voiture: 35% des 12-14 ans et 32% des 10-11 ans affirment avoir voyagé comme passager d’une voiture sans avoir bouché sa ceinture de sécurité. "Il y a clairement une responsabilité des adultes, la ceinture en est un bon exemple, le feu rouge aussi. Les enfants ne créent pas l’insécurité routière, ils en sont victimes", juge le ministre.
Dix fois moins d’enfants tués sur la route
Au fil des ans, la sécurité des enfants sur le chemin de l’école s’est améliorée, notamment avec la création des zones 30. En 1992, 90 enfants âgés de 0 à 14 ans avaient été tués sur nos routes (y compris en voiture) ; en 2022 on n’en recensait que 8, soit dix fois moins en 30 ans, selon les statistiques de Vias. Mais c’est toujours des victimes de trop, et l’objectif de Georges Gilkinet reste "zero mort". En septembre prochain, son projet de réforme du code de la route sera soumis au Conseil d’État. "Sa philosophie sera de donner une place plus égalitaire aux différents usagers de la route, à chacun sa juste place", dit-il.
Outre les zones 30 — dont Vias estime qu’elles sont souvent trop courtes —, le ministre écolo rappelle qu’il existe aussi des possibilités de rues scolaires, ou cyclables. Il encourage les communes et les associations à porter des projets améliorant la sécurité routière. "Notamment pour empêcher le parking juste devant l’école. On doit viser la totale protection de l’enfant."
