Hausse des taux d’intérêt: une réelle menace pour l’Europe et la Belgique?
Les taux d’intérêt ont flambé en 2023, tant aux États-Unis qu’en Europe. Avec quelles répercussions sur nos économies ?
- Publié le 22-08-2023 à 17h50
- Mis à jour le 22-08-2023 à 18h11
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Fin juillet 2023, la Banque centrale américaine (Fed) relevait, une nouvelle fois, son principal taux directeur à 5,50%, désormais au plus haut depuis 2001. Cette décision, dont l’objectif est de contenir l’inflation, est loin d’être anecdotique : il s’agit en effet de la onzième augmentation de taux depuis mars 2022. La dernière ? Pas sûr. La Fed pourrait bien remettre le couvert en septembre, étant donné que l’inflation reste "bien supérieure à l’objectif de 2%" avait alors déclaré son président, Jerome Powell.
Mais cette hausse des taux représente-t-elle vraiment une menace pour nos économies ? "Ce qui est clair, c’est que la hausse des taux a un impact négatif sur les États fortement endettés. Cela se traduit concrètement par une augmentation importante de l’endettement des États qui devront payer des intérêts plus élevés sur leur dette, détaille Bernard Keppenne, économiste en chef chez CBC. À ce sujet, la mise en garde de l’agence de notation Fitch par rapport à la dette américaine, au début du mois (NDLR : lire nos éditions du 22 août), était totalement justifiée."
Ce qui se passe outre-Atlantique ne doit, en aucun cas, nous rassurer sur le Vieux continent. Car cette situation concerne aussi nos États européens. "C’est évident, car cette augmentation côté américain tire tous les taux à la hausse et impacte tous les États. Et quand on connait les problèmes d’endettement de la Belgique, notre pays n’est, bien entendu, pas épargné."
Notons que la Banque centrale européenne a également relevé ses taux face à l’inflation, avec le même type de répercussions. "Par rapport à la Fed, la BCE a été un peu plus lente. Elle n’a pas encore tout à fait rattrapé le temps perdu et pourrait donc encore augmenter ses taux." Les effets en matière d’endettement des États sont similaires. "L’endettement des États, en particulier dans la zone euro… c’est la grande interrogation du moment. On cite notamment l’Italie, mais aussi la Belgique. [...] C’est une source d’inquiétude pour notre pays, d’autant que l’on sait qu’un conclave budgétaire se tiendra à la rentrée, et que des mesures d’austérité ne devraient pas être à l’agenda, puisque le gouvernement est déjà en position électoraliste..."
Un impact sur les particuliers
Pour les particuliers, ces hausses de taux ont des conséquences très concrètes. Aux échelons européen et belge, ces augmentations ont une incidence sur les taux des prêts hypothécaires, par exemple. "C’est une mauvaise nouvelle, notamment pour les jeunes ménages qui souhaitent acquérir une maison ou un appartement. Le coût du prêt et de l’achat sera plus élevé", poursuit l’économiste.
Le bon plan - parce qu’il y en a tout de même un - se situe plutôt du côté du marché obligataire. "Si on veut investir en obligations, les taux deviennent, par contre, plus intéressants. Ça, c’est un grand changement par rapport à ce qu’on a connu ces dix dernières années."
Après ces hausses de taux importantes pour maîtriser l’inflation, peut-on espérer une accalmie à court terme ? En juillet dernier, la présidente de la Banque centrale européenne, la Française Christine Lagarde, expliquait que la BCE aurait désormais une "attitude ouverte" concernant ses prochains ajustements sur les taux d’intérêt. Les décisions prises en septembre et lors des prochaines réunions dépendraient alors des données économiques disponibles.
"Mon sentiment, c’est que des deux côtés de l’Atlantique, les banques centrales craignent que l’inflation reparte à la hausse, estime Bernard Keppenne. Ce qui est probable, c’est que les hausses de taux soient terminées aux États-Unis, et qu’on en ait encore une ou deux en Europe. Une pause suivra, mais cela ne signifie pas que les taux vont baisser rapidement pour autant !"
Pour éviter une nouvelle flambée inflationniste, les banques centrales devraient garder leurs taux inchangés durant une longue période. "La décrue sur les taux sera certainement plus lente que ce que les marchés anticipaient jusqu’à présent."