Agriculture: Le bio résiste mais devra mieux faire pour atteindre les objectifs de 2030
Les agriculteurs bio wallons sont encore un peu plus nombreux et résistent face à une consommation qui stagne.
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- Publié le 02-06-2023 à 18h45
- Mis à jour le 02-06-2023 à 19h48
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C’est un cap symbolique qui a été franchi en 2022 par l’agriculture bio en Wallonie: celui des 2 000 fermes (2 010 exactement, 41 de plus qu’en 2021) certifiées. Cela représente 16% des exploitations agricoles de la Région. En surface agricole utile (SAU), c’est 93 526 hectares (+1 518 par rapport à 2021).
On est toutefois encore loin de l’objectif wallon de 30% des surfaces agricoles converties en bio (voir ci-dessous) et c’est aussi la progression la plus faible depuis 2003. Mais c’est une progression et, dans un contexte de crise consécutif à la guerre en Ukraine, c’est déjà pas mal. "L’augmentation est moindre, c’est vrai mais cela reste positif notamment par rapport aux autres pays européens, indiquait ce jeudi Arianne Beaudelot, coordinatrice de Biowallonie à l’occasion du lancement à Marche-en-Famenne de la “Semaine bio”. C’est aussi très positif quand on se souvient que l’an dernier à Libramont, des agriculteurs disaient qu’ils allaient arrêter le bio."
Les agriculteurs bio résistent donc aux crises (du covid, de l’énergie, de l’inflation,…) mais va devoir faire mieux s’il veut atteindre les objectifs fixés ou tout simplement ne pas voir cette croissance qui s’érode se transformer en lent déclin.
Forcément, cela passera aussi et sans doute d’abord par les consommateurs. À ce niveau les chiffres des premiers mois de 2023 sont plutôt positifs, dit Philippe Mattart, le directeur général de l’agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité (Apaq-W).
Il était temps car 2022 a été marquée par une diminution des volumes de produits bio achetés de 10,6% en Wallonie. C’est aussi la première fois depuis 2016 que la part de marché des produits alimentaires bio (en valeur dépensée) est en baisse, relève l’observatoire de la consommation de l’APAQ-W. La part de marché du bio est ainsi revenue à son niveau de 2018: 5%.
Grande distribution, si elle paye et vend au juste prix
Pour faire mieux, le secteur bio pourra-t-il compter sur les grandes et moyennes surfaces (GMS) ? C’est, au même titre que la recherche de débouchés en dehors des frontières de la Région, un enjeu "crucial ", estime le ministre wallon de l’Agriculture. En 2022, ces GMS représentaient 52,1% des dépenses en produits bio (en légère augmentation) contre 36,1% pour les circuits courts (en légère diminution).
Mais, problème que soulignent régulièrement les agriculteurs bio, ces GMS plombent aussi le secteur en vendant les produits bio à des tarifs qui ne reflètent pas toujours le prix qu’elle les paie aux agriculteurs. Contribuant à cette fausse idée que le bio est bien plus cher que le conventionnel…
Willy Borsus dit n’avoir "ni le droit, ni l’intention de contraindre" la grande distribution à payer et vendre au juste prix. Mais il croit qu’en fonction de l’offre et de la demande, les choses s’équilibreront, à l’instar de ce qui se passe avec le lait bio, dit-il. Globalement, l’observatoire de la consommation de l’APAQ-W note d’ailleurs que l’écart de prix entre le bio et le conventionnel a tendance à diminuer.
Les agriculteurs auront évidemment aussi leur part de responsabilité pour relancer la croissance du bio. Notamment en faisant des choix qui collent à ce que peu absorber le marché. À titre d’exemple, l’an dernier, faute d’acheteurs des pommes de terre bio ont été vendues au prix du conventionnel ou même pour la biométhanisation. Tandis que des producteurs de produits de niche (canards et pintades par exemple) ont dû refuser des clients.