Les centres PMS de l’enseignement spécialisé contraints de se serrer la ceinture à la rentrée
Avec l’entrée en vigueur de la réforme de l’intégration en Fédération Wallonie-Bruxelles, l’enseignement de type spécialisé va perdre une cinquantaine d’emplois à la rentrée prochaine d’août 2023. Problème : personne ne l’avait vu venir…
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/8c61112a-f75e-4a6b-9853-f5d041927362.png)
- Publié le 01-06-2023 à 09h20
- Mis à jour le 01-06-2023 à 21h20
:focal(545x372:555x362)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/BJIH5ZOV7VF73LCYNTE6UE77KA.jpg)
Pour Sébastien Viatour, directeur du centre psycho-médico-social (PMS) Libre Spécialisé de Namur, cela commence à faire beaucoup. Trop, même.
D’abord, il y a les moyens supplémentaires obtenus lors de la crise sanitaire qui ont été retirés. C’était le 1er novembre dernier. Ensuite, dans la foulée, il y a eu la décision d’introduire dans les écoles des psychologues de première ligne, ouvrant ainsi la porte au "raccourci facile" qui consisterait pour une direction d’envoyer un élève souffrant de difficultés chez ce psy plutôt que d’attendre qu’il soit pris en charge par les services PMS. Enfin, plus récemment, il y a cette prise de conscience dans le spécialisé de la perte d’emploi, consécutive à la mise en œuvre des pôles territoriaux et de la réforme de l’intégration. Une conséquence que personne n’avait réellement vu venir…
" Sur l’ensemble de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ce sont entre 50 et 60 emplois qui sont concernés dès la prochaine rentrée, assure Sébastien Viatour. Chez nous, ce sont 3 postes ETP (NDLR : équivalent temps plein). De 14, on va devoir repasser à 11. On en revient pratiquement au niveau qui était le nôtre lorsque l’on a créé le principe de l’intégration."
Effet pervers
Ce processus, qui consiste pour un enfant à besoins spécifiques de s’inscrire dans l’enseignement de type spécialisé mais de fréquenter celui de type ordinaire, a vu le jour en 2010.
"On doit pouvoir reconnaître que les moyens alors octroyés aux centres PMS du spécialisé étaient généreux, admet le directeur namurois. Car pour chaque tranche de 250 élèves en parcours d’intégration, nous recevions l’équivalent d’un nouvel ETP."
Dans le cas de Sébastien Viatour, qui coordonne les centres PMS dans les 16 écoles de la province de Namur relevant de l’enseignement spécialisé et du réseau libre subventionné, ils étaient encore 827 élèves dans ce type de parcours en janvier 2021. Cette année, ils ne sont plus que 264.
Il s’agit en quelque sorte là d’un effet pervers "de la réforme de l’intégration que personne n’a manifestement vu venir", regrette le directeur.
Transition
En réalité, un enfant qui s’inscrivait dans un tel parcours d’intégration se retrouvait inscrit dans deux écoles différentes : celle dont il relevait dans l’enseignement de type spécialisé et celle qu’il fréquentait dans l’enseignement ordinaire. De quoi, dès lors, générer le double de périodes d’encadrement par rapport à un élève standard.
Mais avec la création des pôles territoriaux et la réforme de l’intégration, ces parcours sont désormais gérés par les écoles ordinaires directement.
"Il est quelque part normal que les emplois qu’on a obtenu pour les intégrations soient redistribuées, consent le directeur. Mais cela pose un réel problème d’organisation, car les personnes qui occupent les emplois que nous allons perdre ne s’occupaient pas uniquement des intégrations. C’est donc de façon général la qualité de tous nos services qui va en pâtir. Et cela va inévitablement aussi impacter l’emploi dans l’ordinaire à travers la question des nominations."
Pour pouvoir se retourner, le directeur appelle aujourd’hui ses collègues à se mobiliser et à interpeller la ministre de l’Éducation, Caroline Désir. "Ce que l’on souhaite, c’est avant tout un gel de l’emploi pour la prochaine rentrée, afin de nous laisser le temps de réfléchir à la meilleure adaptation possible de nos services. Nous avons une réelle expertise et il serait dommage de devoir s’en passer, d’autant que les services de deuxième ligne sont déjà tout à fait saturés. "