Des vêtements "made in champs wallons" ? Le chanvre offre une opportunité aux agriculteurs
Fabriquer des vêtements avec du chanvre cultivé en Wallonie ? L’idée fait son chemin et des agriculteurs s’y sont intéressés ce jeudi à l’invitation de Valbiom dans le cadre d’un projet européen Interreg.
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- Publié le 01-06-2023 à 16h43
- Mis à jour le 01-06-2023 à 16h44
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On le sait sans doute peu mais une partie du lin cultivé en Belgique l’est à destination de l’industrie textile. Cela reste certes très modeste, mais les stratégies de circularité chères à l’Europe et à la Wallonie, ainsi qu’une (lente) relocalisation de l’industrie textile sur le Vieux continent sont porteurs de développement.
Mais en matière de fibre textile naturelle, il n’y a pas que le lin. Le chanvre offre aussi un gros potentiel que Valbiom, association qui accompagne le développement de l’économie biosourcée, entend faire connaître des agriculteurs wallons.
Ce jeudi, rendez-vous leur a été fixé à Crisnée pour visiter une parcelle test de 7,5 hectares de trois types de chanvre textile "fibres longues" et découvrir les spécificités de cette culture.
Même si le monde agricole n’a pas oublié la déconvenue de la coopérative BelChanvre en 2018 (voir cadrée), ils étaient d’ailleurs assez nombreux à venir s’informer sur cette possible opportunité de diversification.
"Je cultive déjà du chanvre pour les graines utilisées pour produire de l’huile, dit Marc Poncelet. Je suis en bio et c’est aussi une excellente solution pour lutter contre le rumex (NDLR: très dense, la culture de chanvre étouffe les adventices)", dit-il. En faire plus en semant du chanvre textile ? Pourquoi pas, dit l’agriculteur de Bertrix. Mais comme pour ses collègues, tout dépendra de la rentabilité…
Tirée par le cours du lin, elle est au rendez-vous, assure-t-on chez Valbiom qui voit dans cette culture "un moteur de la circularité dans l’industrie textile".
L’Europe, via le projet Interreg North-West Europe Hemp4Circularity, entend d’ailleurs faire monter ce moteur en régime. Un budget de 3 800 000 € est ainsi prévu pour développer tous les maillons de la chaîne de transformation du chanvre textile et du lin fibre, de la culture à la fabrication de tissu et au recyclage, dans une logique d’économie circulaire. Un impératif pour donner une vraie valeur ajoutée à cette matière biosourcée.
Car aujourd’hui, il n’existe qu’une usine de teillage (extraction de la fibre des tiges) en Wallonie, à Villers-le-Bouillet. Mais l’essentiel de la filature s’effectue encore en Chine…
Mais la demande en produits "locaux", tant de la part des industriels que des consommateurs, pourrait permettre à nos agriculteurs de participer au développement d’une filière pour la confection de vêtements labellisés "made in champs wallons". Avec, ce qui ne gâche rien, l’intérêt purement cultural du chanvre. Une plante qui peut parfaitement s’insérer dans les plans de rotation, résiste plutôt bien tant à la sécheresse qu’à l’excès d’eau et ne demande quasiment pas de produits phytos.