L’été sera sec et chaud, donc propice aux feux de broussailles et de forêt
Les conditions semblent d’ores et déjà réunies pour alimenter le risque d’incendies. Les forêts d’épicéas ardennaises y seraient particulièrement exposées.
- Publié le 30-05-2023 à 18h08
- Mis à jour le 31-05-2023 à 06h36
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Les prévisions s’accordent pour dire que l’été sera chaud et sec: réchauffement climatique oblige, les conditions météorologiques que l’on a connues en 2022 sont désormais la norme.
Bien qu’il ait plu abondamment en avril et durant la première quinzaine de mai, la sécheresse est d’ores et déjà installée au niveau de la surface des sols, constate Xavier Fettweis, professeur de climatologie à l’ULiège.
"Il y a de l’eau en profondeur pour les arbres mais pas pour les plantes aux racines plus courtes. Cette sécheresse en surface est responsable de l’incendie dans les Hautes Fagnes où, habituellement à cette époque de l’année les sols sont marécageux . Il y a 15 jours, dans les mêmes conditions, il n’y aurait pas eu d’incendie. Ces deux dernières semaines, il n’a pas plu et le vent, très présent, a accéléré l’évaporation de l’eau à la surface du sol. On a perdu tout le bénéfice des pluies tombées en avril et mai".
Risque plus élevé au sud de l’Ardenne
Pas une seule goutte de pluie prévue dans les 15 prochains jours. Le mois de juin sera sec mais les températures ne devraient pas s’emballer contrairement à celles des mois de juillet et août qui s’annoncent aussi chauds que l’été dernier.
"Si, dès le début de l’été, on est déjà dans des conditions de sécheresse, cela risque d’être encore pire que l’an dernier", prévient Xavier Fettweis.
Deux facteurs favorisent les feux de forêt, l’état de la végétation et l’action humaine, rappelle le professeur de climatologie.
Le risque majeur, ce sont les feux de forêt à cause du temps chaud et sec annoncé et de l’état de la végétation. "Les forêts sont malades, elles ne sont plus adaptées, en équilibre, par rapport au climat actuel. Beaucoup d’arbres et de broussailles meurent et cela favorise bien sûr les départs de feu. Le risque est particulièrement présent dans le sud de l’Ardenne où pratiquement tous les épicéas sont morts et où l’indice de sécheresse est le plus élevé".
Des feux de broussailles plus intenses
Depuis 2017, le nombre d’incendies naturels enregistrés par les zones de secours oscille entre 2 500 et 3 100 par an. En 2021, l’année des inondations meurtrières, les départs de feux ont été nettement moins nombreux (1 205).
On ne dispose pas des chiffres pour l’année dernière mais, de juillet à septembre, les pompiers ont dû intervenir à de nombreuses reprises pour éteindre des feux de broussailles. Des dunes du Coq à Vresse-sur-Semois où deux hectares de broussailles et de sapins sont partis en fumée. Au nord d’Anvers, 17 camions de pompiers ont été mobilisés pour éteindre un violent feu de broussailles.
Toutes les interventions n’ont pas nécessité autant de moyens, mais l’été dernier, ces incendies dits naturels ont été particulièrement intenses.
"Habituellement, pour un feu de broussailles, on envoie une autopompe à quatre, peut-être avec une citerne… et encore. L’été dernier, pour de nombreux incendies, on a dû mobiliser2 ou 3 autopompes, avec 5 ou 6 camions-citernes, se souvient Quentin Grégoire, président du réseau de secours ReZonWal et commandant de la zone de secours Vesdre Hoëgne & Plateau. Les feux étaient plus difficiles à maîtriser car ils prenaient beaucoup plus vite de l’ampleur, nous obligeant à rester plus longtemps sur place".
Toutes les conditions sont réunies pour que le phénomène se répète dans les prochaines semaines.
Ne risque-t-on pas de manquer de moyens en hommes et en matériel en cas de départs de feu simultanés ? "On essaie de remédier à cela en organisant des recrutements, en formant du personnel et en le motivant à rester pompiers mais à l’impossible, nul n’est tenu. L’an dernier, on a pu intervenir en nombre sur tous les incendies ce qui est plutôt rassurant…"